Pourquoi ce silence interminable ? Ce n'est pas que je ne sais pas succomber pas de temps à autre aux plaisirs de la (bonne) chère, c'est plus simplement qu'en bon français (il faut bien qu'il nous reste au moins un domaine réservé en ces temps de discrédit sur notre vieille nation), je dois avouer que l'offre gastronomique de Rio est loin de concurrencer (à l'exception de l'ardoise en fin de repas) notre Paris national, ou même une simple capitale régionale de notre bel hexagone.
Je veux néanmoins profiter de la sortie annuelle du guide gastronomique de référence de Rio, en l'occurrence le très exhaustif (plus de 400 restaurants recensés) Comer e beber ("manger et boire") de l'excellent Veja Rio, supplément hebdomadaire du moins excellent (quoique trop libéral à mon goût, mais on ne se refait pas et c'est un autre sujet :) newsmagazine Veja, pour faire un petit update du panorama culinaire de notre capitale tropicale, où l'on sait également déguster autre chose que le prato de base arroz e feijão (riz et haricots noirs) !
Comer & Beber Veja Rio : miam ! |
1. Rio n'a définitivement qu'un seul grand restaurant, et c'est un français qui le tient :
Je me le tiens pour dit, cochon qui s'en dédit : Le Pré Catelan (le restaurant de l'hôtel Sofitel de Copacabana, drivé de main de maître par le brillant -et stéphanois, pléonasme donc- Roland Villard est le seul établissement carioca qui glanerait une étoile dans le guide Michelin. Et ce n'est pas une insidieuse et misérable fiscalização d'une équipe hygiéniste francophobe dans cet établissement de haute volée qui viendra altérer mon jugement, na !
2. Les restaurateurs cariocas sont de fieffés gangsters :
Quelques exemples parmi d'autres :
- Roberta Sudbrack, ci-devant autoproclamée reine de la nouvelle génération des chefs locaux, et un menu somme toute vaguement quelconque au final : 700 R$ pour deux (et c'était il y a déjà 18 mois) ;
- Antiquarius, le prétendu meilleur restaurant portugais (bacalhau et cie) de la ville, une cuisine d'une tristesse insigne servie par des garçons trempés dans le formol : 650 R$ pour deux ;
- Sushi Leblon, où deux makis qui se battent en duel et quatre sashimis qui font une partie carrée reviennent au bout du compte à 300 R$ pour deux, sous le prétexte qu'il y a Leblon dans Sushi Leblon (Leblon au carré même, puisqu'on est dans la très chic rua Dias Ferreira) - sans compter la note de l'oto-rhino, puisqu'on rentre à la maison salement enrhumé à avoir passé deux heures sous une clim' reglée à 12°C et qui souffle plus fort que le blizzard canadien.
Bref, rendez-nous notre bon bistro parigot où l'on s'envoie oeuf mayo - confit de canard - tarte tatin pour 15 € café compris ! :)
3. L'Oro, le nouvel Eldorado ?
Le Show Rio Gastronomia, en août dernier, en le consacrant déjà, m'avait mis la puce à l'oreille. Le Comer e beber, en le célébrant de nouveau, m'amène à croire au miracle : l'Oro, que le jeune chef Felipe Bronze (qui n'a pas encore coulé) a inauguré voici une petite année, serait-il ce deuxième restau de haute volée qu'attend le tout Rio (n'en déplaise aux sus-cités, ou aux autres qui ont encore du boulot pour prétendre à la couronne -Olympe, Gero, Siri Mole e tutti quanti) ? Les auspices sont favorables, il faudra donc se rendre très prochainement rua Frei Leandro, au Jardim Bôtanico, pour valider l'impression qu'un nouvel havre de gastronomie fine et reluisante a vu le jour...en espérant, sans trop y croire, que la note soit aussi tamisée que les lumières enchanteresses de ce nouvel amphitryon.
L'Oro, quelle médaille au final ? |
Ah, encore quelques lignes en forme de dica (reco, bon plan) pour les sensibles du palais :
- A Rio, "tapas" se dit "La Fabrique", et en aucune manière "Venga".
- Pour les fans de bonnes pâtes, c'est le Terzetto Café qu'il vous faut, et pas son grand frère (trop cher et trop guindé) le Terzetto tout court.
- Le bon plan du dimanche midi de verão (été), après un bon bain de soleil au Posto 8 : le Botequim pé limpo (chic) Astor, de l'autre côté de l'avenue Vieira Souto (le bord de mer d'Ipanema).
- Allez un dernier pour la route : vous cherchez la meilleure viande de Rio sans le côté agité de la churrascaria ? C'est le Giuseppe Grill qu'il vous faut (oui je sais le nom est naze mais le restaurant "envoie" de la pure barbaque, et une carte des vins de haut vol !).
Bom apetite !
6 commentaires:
c'est bon ça ! même critique sur le prix du Sushi Leblon, par contre la qualité est AAAAA !
Ces restaurants, aux additions si élevées, n'ont-ils pas comme premier objectif de "construire" la ségrégation sociale que leurs propriétaires croient devoir imposer, outre qu'elle leur permet de faire une marge exceptionnelle, dont n'oseraient rêver nos chefs étoilés nationaux !
C'est un peu le même topo à Vitória. Mais, s'agissant des restaurants japonais, j'ai demandé un jour à un vieux Japonais quel restaurant il me recommandait. Jamais je n'aurais imaginé le trouver dans le quartier où il se trouve, ni même espéré une addition aussi raisonnable au vu de la qualité (moins de 100 R$ pour 2, à moins d'avoir très faim). Donnons ici son nom : Minê, au bout du bout de Mata da Praia.
je regrette souvent l absence du "Espirito Santa" a STeresa des classements des meilleurs restaurants de Rio, Français amateur de cuisine, à Rio depuis 6ans, et il reste mon meilleur plan (qualité/prix/creativité/local)
merci pour les conseils, et pour Roberta on est d accord !!
Matto
Merci pour vos commentaires ! @Matto, l' "Espirito Santa" est très sympa, oui ! Jolie terrasse également ;)
Merci pour ce point gastronomique et spirituel Antony. Un peu dur sur Sushi Leblon - et pour ce qui est de la clim' j'ai peur que ça soit le même régime dans tous les restos chics de la place. 100% d'accord sur l'Antiquarius. Sudbrack est fait pour Robert Parker.
Je ne manquerai pas d'essayer l'Oro !
PS : ici on peut voir ce que le brésilien "normal" pense d'un restaurant français…:
http://bossanovabrasil.fr/france-au-bresil-l’envers-du-decor-289614.html
ant6ny est devenu bresilien, les articles de ce blog se font aussi rare que la neige a arpoador !
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