25 mai 2011

Week-ends autour de Rio (3/3) : La vallée des fazendas de café

Après vous avoir emmené du côté d'Arraial do Cabo, puis d'Ilha Grande, je vous propose aujourd'hui de quitter le littoral fluminense et que nous nous aventurions à l'intérieur des terres de l'Etat de Rio, à quelques 150 kms au nord de Rio de Janeiro, non loin de la frontière avec l'Etat du Minas Gerais : c'est ici, dans ces vallées verdoyantes, qu'ont fleuri, grandi, prospéré, puis décliné, tout au long du XIXème siècle, les fameuses fazendas de café. C'est dans cet ex-triangle d'or, constitué des villes de Valença et de Barra do Pirai, de Vassouras, l'officieuse "capitale" de la vallée du café, ainsi que du pittoresque village de Conservatoria, que fut produite pendant des décennies la majeure partie du café du Brésil post-colonial, au sein de terres arables d'une grande richesse, à la météo parfaite et à la main d'oeuvre (les esclaves) corvéable à merci. Les propriétaires de ces terres ont alors rivalisé de zèle pour construire des demeures majestueuses, que le terme fazendas (littéralement ferme) retranscrit bien mal. Ce sont des dizaines de splendides propriétés, représentant un patrimoine culturel et historique considérable, que l'on peut désormais visiter tout au long de cette route quasi légendaire du café.

La région des fazendas de café (en rouge) et les principaux
points d'intérêt (en vert) : cliquez sur la carte ! 

Pour notre part, nous sommes partis à la découverte de deux d'entre elles, à partir de notre camp de base établi à Valença (au sein du charmant hôtel Palmeira Imperial) :

# La somptueuse (et pourtant assez méconnue et peu visitée) Fazenda Paraiso, qui se situe à une dizaine de kilomètres après le village de Rio das Flores, au nord-est de Valença. Elle fut construite entre 1845 et 1853, et appartenait à l'un des "barons" de la vallée du café, le vicomte Guimarães, propriétaire de 15 fazendas à la fin de sa vie. La visite de l'entrepôt de production et ses machines à café centenaires vaut particulièrement le détour - mais la demeure en elle-même est une splendeur, de style néoclassique sur deux niveaux, pour une surface totale de...2.200 m², de quoi y loger du monde !

La très belle entrée et les initiales "FP" sur le portail
La demeure, 1/2
La demeure 2/2
Le jardin et ses palmiers géants

# La non mois belle (quels jardins !) et pluri-disciplinaire (un site historique et culturel construit par le vicomte de Pimentel en 1860, une jolie "maison de musique" pour accueillir divers groupes de musique traditionnelle lors du festival hivernal, une activité de production artisanale de confitures, sauces et desserts en tout genres...) Fazenda Vista Alegre, que l'on rencontre sur la superbe route qui mène de Valença à Conservatoria. La maison principale est encore habitée aujourd'hui, ce qui lui donne un aspect plus "accessible", j'ai failli dire "commun", les photos qui suivent donnent la mesure de l'erreur linguistique que j'aurais commise ! :)

La maison...encore habitée
Superbe jardin tropical 
La fontaine, d'époque

De nombreuses autres fazendas sont à découvrir dans la région, et certaines d'entre elles vous proposent même de vous loger...à des tarifs malheureusement plutôt très salés ! Mais l'immersion dans ces lieux bucoliques et reposants, loin du bruit et de la fureur de Rio, en vaut la chandelle. Selon l'avis des initiés, les meilleures sont la Fazenda Arvoredo, à Barra do Pirai, la Fazenda União, à Rio das Flores, et la Fazenda Florença, à Conservatoria.

Un mot pour conclure sur le déclin du cycle du café au Brésil, au virage du XXème siècle : la surproduction et l'appauvrissement des terres dans un laps de temps très court y furent pour beaucoup, mais la raison essentielle tient à...la fin de l'esclavage, aboli en 1889 (très tardivement !) : privés de cette main d'oeuvre gratuite et soumise, les fazendeiros (qui luttèrent d'ailleurs longtemps contre l'abolition) se retrouvèrent dans l'impossibilité de maintenir leur activité, très consommatrice en bras. Visiter cette région, c'est aussi se remémorer ces heures sombres de l'histoire humaine, où quelques-uns, riches et blancs, pouvaient asservir une multitude, contrainte et humiliée, parce que noire.

2 commentaires:

RNiac a dit…

Salut Antony Dumas. Merci de ce tour en pays de tradition Caféière au Brésil. Seulement je ne savais pas que les Fazendas du Café se situaient dans des régions proches de Rio. Je les pensais vers Sao Paulo donc plus au sud... La Côte d'ivoire, mon pays est sache-le grand producteur de café aujourd'hui avec le cacao (1er producteur mondial!) Un Carnaval à l'époque m'a marqué qui chantait le "cafuné" qui embaumais la convivialité des salons des barons fazendeiros, pendant que le vieil esclave noir symbolique juché sur le char d'ouverture était entrain de piler le café dans un mortier. Merci de l'évocation du lien Esclavage-Café rompu par l'Abolition qui a précipité la chute dramatique de la production de l'Or Noir au Brésil. Je viens de l'apprendre avec surprise! Donc avec le Café Brésilien, comme avec le Coton nord américain et la Canne à sucre cubano-antillaise, l'Esclavage a fait le Bon Temps passé des Amériques et de l'Europe, à l'époque du Commerce Triangulaire. Et c'est ce que les Sambas de Carnavals s'évertuent à répéter à longueur de saisons! Très passionnant... pour moi!

Unknown a dit…

Bonjour Roger
Merci pour ton commentaire, toujours pertinent !
Et merci encore de me lire avec autant d'assiduité ! ;)
Amicalement

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