25 mars 2011

Rio, Ville Merveilleuse...et hors de prix !

"Aquele abraço", superbe hymne de Gilberto Gil sur notre Cidade Maravilhosa, débute ainsi : "O Rio de Janeiro continua liiiiindo"...La chanson date déjà de 1969. S'il l'avait écrite en 2011, nul doute que le grand Gilberto aurait pu ajouté un couplet "O Rio de Janeiro virou caaaaro" ("Rio de Janeiro est devenue chère") ! Chère en l'occurence est un euphémisme, on pourrait presque affirmer que Rio est devenue, en quelques années seulement, une ville inabordable, tant pour ses habitants qui cherchent à se loger ou y travailler, comme pour les touristes !

Trois exemples parmi tant d'autres :
- Le marché immobilier d'habitation carioca a simplement explosé : les prix se sont enflammés, pour quasiment doubler en seulement deux ans ! En 2010, la hausse moyenne est estimée à plus de 40%, et certains quartiers (en particulier Barra da Tijuca, le Miami moderne mais moche) auraient même vu leurs prix croître de plus de 60% ! J'ai jeté un oeil ce matin dans les pages "Imoveis" du Globo, et je suis tombé à la renverse :  un deux-pièces sur Ipanema est annoncé à 1.030.000 R$ (440.000 €), un autre à Leblon est affiché à 1.380.000 R$ (590.000 €) ! Ne parlons pas des appartements plus luxueux : un 350 m² à Leblon de nouveau est à 8 millions de R$, soit 3,5 millions d'€ ! 10.000 € le mètre carré ! Certes, nous sommes dans les quartiers les plus chics de la ville, mais même si l'on s'en éloigne un peu, les prix restent tout de même très élevés, comme ce 4 pièces à Botafogo de 160 m² affiché à 2 millions de R$ (900.000 €).

Leblon, c'est bonbon pour se loger...

- Si se loger à Rio est devenu incroyablement onéreux, que dire de l'immobilier d'entreprise ? Selon l'étude annuelle du cabinet Cushman & Wakefield, le coût d'occupation moyen de bureaux en 2010 s'est accru de...47% dans la capitale fluminense, faisant désormais de Rio de Janeiro la 4ème ville la plus chère au monde (elle était 13ème en 2009) en la matière. Rio devant New York ou Paris, et ville la plus onéreuse du continent américain, qui l'eût dit il y a seulement 3 ans ?  

- L'hôtellerie n'est évidemment pas en reste, puisqu'un très récent "ranking" établi par le site Hotels.com montre que le prix moyen de la nuitée à Rio a augmenté de 30% en 2010, soit la plus forte hausse mondiale après Macao (je ne sais pas ce qu'il s'est passé dans la cité qui sent le sang écarlate, qui a crû de son côté de 40% !), et s'établit désormais à 314 R$ (133 €), soit le tarif le plus élevé de tout le Brésil. Plus fort encore, Rio est aujourd'hui la deuxième destination la plus chère au monde dans la catégorie "hôtels 5 étoiles" : il vous faudra débourser en moyenne 1.146 R$ (485 €), et seul Big Apple vous coûtera plus cher (532 € par nuit) !

Le Fasano, 1.800 R$ la nuit en moyenne...

Et là j'ai envie de dire : mais comment en est-on arrivés là ?! Selon moi, les raisons d'un tel boom (d'une telle bulle, ça y est j'ai lâché le mot !) sont principalement de trois ordres :

1. Une situation économique favorable : 7% de croissance l'année dernière, une monnaie forte, une inflation à peu près maîtrisée (5,5% en 2010), des investisseurs étrangers qui arrivent en masse, un accès au crédit quasi généralisé (une grande première dans un pays qui reste profondément marqué par les années d'hyper-inflation d'avant le "plan Real" -1993), l'incroyable manne du pétrole sous-marin aux larges des côtes de l'Etat fluminense, tout est dit, n'en jetez plus ! Le Brésil, et Rio encore plus, ont la cote, et forcément, cela impacte notablement la cherté de notre Ville Merveilleuse.

2. Une baisse incontestable de la violence et de l'insécurité : Rio, qui reste dans l'imaginaire des gens associée à favela, trafics, kidnappings, assaltos (les agressions en pleine rue) s'est considérablement améliorée en matière de lutte contre l'insécurité. Il faut mettre cela au crédit du gouverneur de l'Etat de Rio, Sergio Cabral (et sa superstar, le secrétaire à la Sécurité, José Maria Beltrame, élu pas plus tard qu'hier "personnalité de l'année" par le quotidien O Globo), qui a innové en la matière en mettant en place le fameux programme des UPP (Unités de Police Pacificatrices, postées durablement dans les favelas de la ville).  J'aurai l'occasion très prochainement de revenir sur Rio et la violence, mais tous les cariocas vous le diront : la ville est beaucoup plus sûre aujourd'hui qu'il y a quelques années (sans parler des années noires, entre 1985 et 1995), et cela contribue évidemment à doper la cote d'amour de la ville, en particulier des étrangers qui sont de plus en plus nombreux à y acquérir des biens immobiliers.

José Maria et ses copains de la Police...

3. L'imminence d'évènements sportifs de répercussion mondiale : je veux bien entendu parler de la Coupe du Monde de Foot de 2014 et des Jeux Olympiques d'été de 2016. Les bénéfices que Rio va en tirer, en matière de transports urbains, d'infrastructures hôtelières, de constructions immobilières, sans compter l'incroyable couverture médiatique et les moyens financiers alloués par les organisations (FIFA, CIO...), sont une source certes conjoncturelle, mais indéniable, de croissance des prix de la métropole dans tous les domaines déjà évoqués.

Le logo des JO 2016 : bof...

Dans ce contexte, et au vu de l'emballement général, la question qui vient évidemment à l'esprit est la pérennité de ces hausses : s'agit-il d'un "rattrapage" finalement logique si l'on considère l'incroyable cadre de vie général de Rio (soleil, mer, plage, montagnes...), où n'est-on pas plutôt déjà au-delà du raisonnable, dans un Etat (celui de Rio) où le salaire moyen culmine à 1.300 R$ (550 €) par mois, cet au-delà du raisonnable étant alimenté par un sur-optimisme ambiant des investisseurs de tous ordres, porté en particulier par les évènements sportifs évoqués ci-dessus ? Vous l'aurez compris, bien que j'adore mon Rio, j'ai bien peur que l'on soit en train de connaître une période (trop) dorée, et que l'atterrissage post-2016 soit des plus douloureux...Puisse le futur (pour une fois ;) me donner tort !

21 mars 2011

Les marques préférées des cariocas : miam !

Amis lecteurs, vous n'êtes point sans le savoir si vous me suivez régulièrement : je suis vraiment apaixonado (passionné) par Rio, cette Ville Merveilleuse entre toutes, et plus encore par ses habitants, les cariocas, certainement les êtres les plus accueillants, ouverts, chaleureux et démonstratifs que l'on puisse trouver sur la planète entière ! Mais s'il est un domaine, au moins un, où je sens une (relative) saudade de ma terre natale, c'est bien celui de la gastronomie, ou plus exactement (gastronomie est un gros mot et ne veut dans le fond rien dire) l'art de mélanger les bons ingrédients entre eux, et de les accompagner avec les bonnes boissons. Dans ce domaine, je ne crains pas d'affirmer que notre vieille Europe, si percluse de rhumatisme soit-elle, et plus encore, notre bonne vieille France (parce que je n'oublie qu'en Europe coexistent quelques nations -par ailleurs respectables- où la cuisine est une insulte au bon savoir-manger -au hasard, Angleterre ou Pays-Bas...:), disposent d'une confortable avance sur nos amis du Nouveau Monde !

Pourquoi cette longue introduction me direz-vous, qui ne semble guère avoir de rapport avec le titre du post du jour ? Eh bien, il se trouve que le Carioca, s'il n'a pas le palais d'une extrême finesse (c'est un euphémisme), attache une importance capitale à ce qu'il mange et/ou boit (le plus souvent n'importe quand, mais pas n'importe quoi), et que l'on retrouve cette préoccupation toute primaire jusque dans les études que le service marketing de O Globo (le premier journal de la ville et du pays) se fait un plaisir de produire, pour le plus grand plaisir de ses annonceurs !

Si même le Christ s'y met...
C'est ainsi : dans le top 10 des marques préférées des cariocas, révélées par le quotidien en décembre dernier, tous secteurs confondus, on trouve pas moins de...8 marques ou produits ayant un lien étroit avec l'estomac !

Jugez-en plutôt par vous même :
1- Kibon : LA marque de glace à emporter de Rio, omniprésente sur la plage, souvent à demi-fondue avant même d'être ouverte ;
2- Havaianas : LA référence mondiale de la tong : 21 enseignes à Rio, 116 magasins au Brésil, 60 pays déjà conquis et plus de 3,5 milliards (!!) de paires déjà vendues dans le monde ! Incontournable, indispensable, irremplaçable ! Certes, les Havaianas ne sont pas encore comestibles, mais voyez plutôt la suite !
3- Coca-Cola : Rien à ajouter. La seule marque non "locale" du top 10. Le refrigerante made in Atlanta est un élément de base de la table carioca, quel que soit son accompagnement (viande, poissons, salades...), quel que soit le lieu de consommation (depuis le restau select jusqu'au lanchonete du coin). C'est effrayant ? C'est effrayant.
4- Porcão : Prétendument la meilleure churrascaria (restau de viandes) de Rio. Il n'en est rien ! Enterrée par le Carretão !
5- Matte Leão : Une sorte de thé frais, l'Ice Tea local. Les cariocas en boivent des hectolitres sur la plage !
6- Biscoito Globo : Rien à voir avec le journal, on parle là d'une autre institution de la vie balnéaire de Rio. Le Biscoito Globo est un biscuit soufflé au taux de graisse insultant, salé ou sucré, qui inonde la orla chaque fin de semaine. Vous ne connaissez rien à Rio tant que vous n'y avez pas goûté !

Globo et Matte Leão : les deux font la paire ! 
7- Skol : Complément absolument indispensable du Biscoito Globo évoqué ci-dessus (qui étoufferait jusqu'au plus impie des chrétiens), la Skol est une bière blonde et légère, servie évidemment gelada (glacée), et dont les canettes jonchent le sable d'Ipanema, en fin de journée, un dimanche d'été et de plein soleil.
8- Antartica : Concurrence la Skol pour faire enfler les barrigas (ventres) des cariocas, et accessoirement pour souiller les plages...Ma préférée !
9- Osklen : L'intrus de ce top 10. Une marque de fringues très select (au moins pour ce qui concerne ses prix,  ne comptez pas trouver un t-shirt à moins de 150 R$ !), aux nombreuses lojas (boutiques) dans la Zona Sul. Je soupçonne le journal d'avoir trafiqué le classement pour faire plaisir à l'un de ses grands annonceurs sur Rio ! ;)
10- Brahma : Encore une...marque de bière ! Si avec ça la soif du carioca n'est pas étanchée...Dispose du camarote (la loge) le plus hype du Carnaval. De la starlette au kilo ! Voyez par vous-mêmes ici !

Révélateur, non ? :)

20 mars 2011

Quel est le pire job au monde ? Entraîneur de foot au Brésil !

Muricy Ramalho est tetracampeão du Brasileirão (quatre fois champion du Brésil, 3 fois avec São Paulo FC entre 2006 et 2008, une fois avec Fluminense, en 2010). A ce titre, Muricy Ramalho est considéré comme le meilleur entraîneur du pays : foin des Felipão en carton, des Renato Gaucho "sur-melonné" ou même des Mano Menezes, tout simplement surcoté, comme son avenir à la tête de la Seleção le montrera. Muricy Ramalho n'est cependant plus l'entraîneur des tricolores cariocas (une sombre histoire de rats dans le vestiaire, selon la version officielle...), et vient perpétrer l'incroyable -et triste- tradition du football brésilien de considérer l'entraîneur de foot au mieux comme un fusible, au pire comme une serpillière.

Muricy Ramalho content...c'était avant les rats...
J'ai fait mes comptes, et je me suis amusé à recenser le nombre d'entraîneurs ayant circulé rien qu'à Rio depuis ma propre arrivée dans la Cidade Maravilhosa, en février 2009.
En deux ans tout ronds, auront donc assumé les postes d'entraîneurs :
- A Flamengo (honneur au plus grand) : Cuca, Andrade (qui a mené l'équipe vers le titre de champion 2009), Rogerio Lourenço, Silas et l'actuel (un revenant, j'y reviendrai) Vanderlei Luxemburgo ;
- Au Fluminense : René Simões, Carlos Alberto Parreira, Renato Gaucho, Cuca, Muricy Ramalho et donc un futur-ex (?) nouveau, prochainement (Abel Braga tient la corde) ;
- A Botafogo : Ney Franco, Estevam Soares, Joel Santana (exploit, seulement 3 entraîneurs en deux ans pour le Fogão !) ;
- Au Vasco de Gama : Dorival Junior, Vagner Mancini, Gaucho, Celso Roth, PC Gusmão et Ricardo (oui l'ex du PSG, de Bordeaux et de Monaco !).
On arrive ainsi à la moyenne hallucinante de 5 entraîneurs "consommés" par club en deux petites années ! Alors que dans le lot nous trouvons les deux derniers champions nationaux (Flu en 2010, Fla en 2009), susceptibles donc de conserver leurs entraîneurs respectifs pour la qualité des résultats obtenus !

Au-delà du fait qu'il paraît évident qu'une telle perpétuelle lessive empêche de construire à long terme (allez, même à moyen terme...) et d'avoir un minimum de planejamento (terme difficilement traduisible, un mélange de "plan d'action", "vision long terme", "organisation", bref tout ce qui fait défaut au foot brésilien -et pas qu'au foot d'ailleurs ! ;), elle induit également un effet pervers, que j'appellerais le jeu des chaises musicales : en clair, les présidents (et leurs tout-puissants sponsors, très souvent impliqués dans les décisions opérationnelles et du terrain) disposent d'un "cheptel" d'entraîneurs (tous locaux, le président de foot au Brésil n'est pas très féru d'exotisme) dans lequel ils piochent avec frénésie dès que s'accumulent 2 ou 3 mauvais résultats. Il faut également avouer que le torcedor moyen n'est pas très patient, et n'hésite pas à déclarer son institution en danger et/ou en crise (dont il se dit propriétaire, encore un vice de la pseudo-démocratie qui régit les clubs de foot au Brésil, j'y reviendrai également...dans un prochain post) et à réclamer du jour au lendemain la tête de l'entraîneur, accablé de tous les maux, même si celui-ci a un récent passé de vencedor (vainqueur) avec la dite institution (c'est ce qui est d'ailleurs en train d'arriver au Papai Joel, de Botafogo, à qui je conseille de ne pas perdre le clasico de demain contre Vasco de Gama, sinon son titre actuel de champion carioca ne vaudra vraiment plus tripette...).

Joel Santana fait la moue...Il y a de quoi  !

Chemin faisant, il n'est pas rare de voir des entraîneurs licenciés de leur club...y revenir quelques années plus tard, pour y écrire une nouvelle tranche de foot, jurant de nouveau fidélité au maillot...avant de le désenfiler, de gré ou de force, quelques mois (ou quelques semaines !) plus tard. C'est le cas par exemple de Joel Santana, le saltimbanque des entraîneurs cariocas, qui a déjà entraîné le Botafogo FC à deux reprises (1997 et 2000), et qui a quand même réussi l'exploit de se caser au moins une fois chez chacun des grands clubs de Rio : Flamengo en 1996, 1998, 2005 et 2008 (à quatre reprises donc !), Vasco en 1986, 1992, 2000 et 2004 et Fluminense en 1995, 2003 et 2007. Il est fort le bougre, non ? 

Même topo pour notre Luxemburgo national, bon globe-trotter également, puisqu'il entraîne aujourd'hui Flamengo pour la troisième fois (1991, 1995 et 2011), après avoir écumé quasiment tous les grands clubs brésiliens (Palmeiras, Santos, Corinthians, Cruzeiro, Atletico-MG), sans oublier le grand Real Madrid, où il s'est vautré dans les grandes largeurs (à sa décharge, ce n'est pas le seul à se ramasser dans la maison merengue ;).

Luxa...Euh c'est par où la route de mon prochain club ? 
Après cela, comment voulez-vous construire une relation forte avec un club, avec vos supporters, qui soit un tant soit peu basée sur une forme de confiance mutuelle dans un contexte aussi mouvant et avec des présidents (et sponsors) si veuls, prompts à suivre le sens du vent et pour lesquels la solution de facilité est (et restera) le renvoi manu militari (avec possiblement force primes, c'est qu'en plus ça coûte de l'argent cette stratégie à la con !) de l'entraîneur, voué à être écartelé sur la place publico-médiatique ?!
Entraîneur de foot au Brésil : un métier bien pourri (encore plus qu'ailleurs) ! :) 

18 mars 2011

"A frenchman in Rio" a sa page Fan sur Facebook !

Enfin ! Vous l'attendiez tous ! Je viens d'ouvrir la page Fan du "frenchman" sur Facebook, et amis lecteurs, vous pouvez (devez !) la "liker" plus que de raison ! Ca se passe ici, derrière ce lien
En plus des actualités bloguesques (nouveaux posts et autres réjouissances), vous y trouverez mes humeurs du jour, mes coups de gueules, et de nombreuses autres informations sur Rio, le Brésil et le monde, vu par des yeux souvent partiaux mais toujours passionnés !
Merci à vous tous qui me lisez et me suivez ! N'hésitez pas non plus à faire partager la naissance de ma page Fan !

Devenez fan ! 

16 mars 2011

Carnaval de Rio 2011 : Beija-Flor titrée, Unidos da Tijuca flouée !

Les dernières effluves carnavalesques sont déjà derrière nous, mais je ne vais tout de même pas faire l'économie de vous poster quelques mots (agrémentés de force vidéos et photos !) concernant les défilés des écoles du Grupo Especial, qui se sont déroulés les 5 et 6 mars, et que votre serviteur-frenchman a non seulement accompagnés avec paixão et intérêt, mais a poussé la "dédication" (ah non ça ne se dit a priori pas en français...) jusqu'à, une nouvelle fois, défiler au coeur même de la mythique arène de Sapucai !

Commençons donc par notre propre défilé, avec la sympathique école de São Clemente, qui a rejoint le Grupo Especial cette année seulement. Bien entendu, ses moyens et ses ambitions ne sont pas ceux des divas du Sambodrome, les Beija-Flor, Unidos da Tijuca, Salgueiro ou Mangueira, mais l'école compense avec une proximité et une simplicité qui fait du bien, après les difficultés que nous avons connu l'année dernière lors du défilé avec la traditionnelle mais impersonnelle Imperatriz.

Concentration à 20h près de l'immeuble qui répond au doux nom de "Balança mas não cai" ("il se balance mais il ne tombe pas", c'est dire la sécurité du lieu ;), en compagnie de nos amis et compagnons de défilé Dominique et Olivier, premières photos et premiers préparatifs, tout enfiévrés que nous sommes ! Et puis le samba-enredo de l'école débute ("Sou Carioca e São Clemente..."), et nous voici partis, entamant quelques pas ressemblant de loin à de la samba no pé, mais l'énergie et la volonté sont présentes ! L'entrée dans l'avenida est toujours aussi impressionnante, et 40 minutes après, l'odyssée s'achève, heureux et suants, la gorge sèche à force de suer et de chanter à tue-tête l'hymne clementino. C'est déjà le moment de la "dispersion", au pied de l'arche de l'Apoteose, et nous nous changeons rapidement avant de traverser les secteurs du Sambodrome (où les rencontres sont souvent cocasses) et monter enfin dans les arquibancadas pour assister à la suite du spectacle qui s'annonce grandiose.
Si on n'est pas beaux !...
Hum ! Une guêpe...imposante :)
Ci-dessous le défilé de São Clemente, filmé par la TV brésilienne (la seule vidéo "non originale" !). Notre ala (littéralement, "aile", ou "section") arrive a 5'20" ! Je ne m'y suis pas vu, mais j'y étais bien, je vous le promets !

Et nous voici installés dans les travées du secteur 5, pour suivre 8 heures durant (fin effective à 6h15 du mat' !) les 5 autres écoles qui défilent en ce beau dimanche de Carnaval :
Imperatriz : enredo faible, chars moyens, innovation zéro, passons...;
Portela : costumes superbes -malgré le feu qui a ravagé voici un mois la Cidade do Samba, brûlant la majorité des fantasias de l'école la plus titrée de l'histoire, chars magnifiques, mais bateria souffreteuse et enredo moyen-moins) ;
- Unidos da Tijuca : énorme claque de nouveau, le carnavalesco Paulo Barros s'est surpassé avec un enredo canon (le meilleur de tous avec celui de Mangueira) autour du thème de la "Peur au Cinéma", une comissão da frente exceptionnelle -comme d'habitude, des fantasias originales, des chars incroyables, des animations divertissantes et surprenantes (le requin de "Jaws" en plein Sapucai, Indiana Jones à l'arrache...), bref un spectacle vivant prodigieux, qui mérite d'évidence le titre, même si la bateria de Unidos ne parvient pas à se mettre au diapason et reste LE point faible des Tijucanos ;
- Vila Isabel : belle production, jolie explosion de couleurs, le reine Gisele Bundchen en superstar sur le dernier char, défilé "clean" mais trop académique à mon goût ;
- Mangueira : l'école la plus populaire de Rio me déçoit, avec un défilé un peu bordélique, des carros alegoricos et des fantasias moyens et définitivement trop axés rose et vert (les couleurs de Mangueira). Le retour de Beth Carvalho sur un char mangueirense après 5 ans de fâcherie, et plus encore la magnifique prestation de la bateria de l'école ne suffisent pas à combler la faiblesse générale de l'ensemble.

Et allez, pour vous illustrer tout cela, un petit best-of des meilleures photos que j'ai pu prendre, et surtout quelques vidéos assez chouettes, en particulier de la fantastique prestation de Unidos da Tijuca.
Un char d'Imperatriz : bof...
Le bel aigle de Portela
Avatar selon Unidos da Tijuca
Harry Potter par Unidos
Jaws ! 
Vila Isabel et ses éléphants
Une rainha de Vila Isabel...plutôt musculeuse ! 
Gisele et la Vila 
Défilé de Vila Isabel
Mangueira...en rose et vert






Lundi, deuxième journée des défilés des écoles du Grupo Especial. D'après les échos, belles prestations de Salgueiro (mais avec un défilé qui s'est terminé hors délais, pas bon...), de União da Ilha (malgré les dommages subis par l'incendie à la Cidade do Samba) et de Beija-Flor, avec un thème facile (la célébration des 50 ans de carrière du rei de la MPB, Roberto Carlos, le chanteur brésilien le plus populaire du pays). Pas de souci à se faire pour Unidos, néanmoins...

Et puis, mercredi, apuration des votes du jury...et consternation ! Beija-Flor vainqueur, avec des notes hallucinantes, et un total de 299,8 sur 300 points possibles ! Unidos da Tijuca, deuxième, "pénalisé" par sa samba-enredo (incroyable, j'ai écouté celle de Beija-Flor, elle ne vaut pas tripette face à celui de Unidos) et par l'"harmonie" de son défilé...Certes, le thème choisi par les Tijucanos était moins empreint de "brasilianité" que l'enredo de l'école de coeur de l'ex-président Lula, mais pénaliser l'originalité et la fantaisie de Unidos et récompenser le classicisme, voire la "fainéantise" de Beija-Flor (qui avait déjà célébré l'année dernière les...50 ans de Brasilia) est une terrible injustice ! Paulo Barros, le Carnavalesco de Tijuca, a ainsi eu beau jeu d'ironiser à ce sujet, soulignant qu'il savait "déjà quel enredo je ferai l'année prochaine. Je voulais faire Madonna, mais comme ils disent que je suis trop 'étranger', j'ai choisi, je vais faire un enredo sur Neguinho da Beija-Flor - le très célébre choriste de l'école-, comme ça, je serais sûr d'avoir la note dix !"

La suite du classement ne me semble pas non plus très cohérente : Mangueira 3ème, devant Vila Isabel, alors que cette dernière a été bien meilleure, sauf sur la samba-enredo et la bateria. Salgueiro et Imperatriz viennent ensuite, le bal des écoles traditionnelles devant et les plus modestes au fond de la classe (Mocidade, Porto da Pedra et ma São Clemente, dernière des écoles notées). Ne bouleversons surtout pas l'ordre établi...

Mais terminons sur une note heureuse : je ne le répéterais jamais assez : le défilé des écoles de samba est l'un des plus grands spectacles vivants au monde, un moment prodigieux et féérique, qui ne donne qu'une seule envie : réserver sa place pour l'année n+1 dans les travées du Sambodrome ! Chers lecteurs, si vous avez l'opportunité -et les moyens- de vivre ce truc in vivo, je vous en conjure : foncez ! 

05 mars 2011

Carnaval de Rio 2011 : c'est parti !

Enfin ! Il se sera fait attendre cette année ! Le Carnaval de Rio débute donc officiellement ce vendredi même (le  roi Momo ayant reçu ce matin les clés de la ville des mains du maire, lui délégant symboliquement le contrôle de la cité carioca) et va courir jusqu'aux premières heures du  mercredi 9 mars. Le plus grand évènement festif au monde (n'en déplaise à ma tendre belle-mère, pour qui les fêtes de Bayonne restent indépassables ;) entre donc en action, et promet cette année d'atteindre des sommets.

Le maire de Rio, le roi Momo et une grosse clé :)
Les écoles de samba de la ville se préparent depuis des mois pour célébrer dignement cette grande fête, et concourir, pour les plus prestigieuses d'entre elles, au sein du fameux Sambodrome. Deux nuits de grand spectacle se préparent, les soirs de dimanche et de lundi, où les écoles, plus luxueuses, créatives et solidaires que jamais, déploieront leurs plus beaux atours (chars étincelants, sambas-enredos entraînants, baterias assourdissantes) pour obtenir les faveurs du jury et succéder à la brillante Unidos da Tijuca, le vainqueur de 2010, emmené de nouveau en 2011 par son brillantissime leader et carnavalesco, Paulo Barros. Solidaires, vous ai-je dit, car le terrible incendie qui a détruit quasiment l'ensemble des carros alegoricos (chars) et des fantasias (costumes) de trois des douze écoles qui défileront (en l'occurence Grande Rio, la plus "touchée", União da Ilha et la traditionnelle Portela) n'a fait que renforcer la volonté de dépassement et de "brillance" des associations, et a surtout contribué à unir encore plus les écoles, rivales dans les notes, mais partenaires dans l'avenue Marques de Sapucai (le nom officiel de la grande artère du Sambodrome).
Magnifique Sapucai...
Pour tout savoir sur les défilés des écoles du Groupe Spécial (les 12 meilleures écoles de la ville), qui éblouiront l'avenue deux nuits durant, devant plus de 150.000 spectateurs en fusion : un seul site, celui de la Liesa, la ligue en charge de l'organisation de ce spectacle incroyable, qui est incontestablement pour moi le clou de ces 5 jours de fêtes. L'énergie, la passion, les couleurs, la magnificence des chars et des costumes, les allégories, font du défilé un moment unique, quasi indépassable en terme d'émotions (je ne vois qu'un bon ASSE-OL pour rivaliser, avec victoire des Verts à la clé, bien sûr ;), et qui surtout est incomparable, selon que vous y assistez devant votre petit écran (bof...) ou au coeur des arquibancadas surchauffées (waaaaaaaaaawww !).
En ce qui nous concerne : évidemment, nous y serons, pour défiler avec la valeureuse São Clemente, dès le dimanche soir à 21 heures, puis pour assister à la suite des festivités, depuis les arquibancadas ! Rendez-vous très prochainement pour le compte-rendu !

Mais le Carnaval de Rio, ce n'est pas seulement le défilé des plus prestigieuses écoles de la ville (et donc du pays, car le Carnaval, C'EST Rio, n'en déplaise aux pitoyables tentatives de ces laborieux paulistas qui ne sont bons que pour bosser sous le ciel plombé et pollué d'une mégalopole austère, voire sinistre :), c'est aussi (et certains vont jusqu'à dire surtout, j'y reviendrai) les quelques 420 blocos (défilés de rue) qui promettent de mettre la ville sens dessus dessous jusqu'au milieu de la semaine prochaine ! Ceux-ci, dont les noms ne ressemblent le plus souvent à rien ("O Pluto é o filho da Pluta" -"Pluto est le fils de Pluta", "Unidos do faz quem quer" -"Union de ceux qui font ce qu'ils veulent", "Ta cheio de maluco ai" - "C'est plein de tarés ici"...), se fixent comme unique objectif de réunir le plus grand nombre possible de foliões (fêtards), et de défiler dans la plus grande anarchie, sous un soleil de plomb, en buvant force bières et en urinant plus que de raison !
Cordão da Bola Preta, 500.000 personnes au taquet dans le Centro...
 A Rio, deux écoles (sic !) s'affrontent sur le sujet des blocos : certains (la majorité ?) estiment que le côté "plus spontané, plus festif, plus carioca, en un mot : plus gai" des défilés de rue reflète beaucoup plus l'âme "intime" du Carnaval. C'est l'avis de mon collègue blogueur Thierry, et de son excellent blog (au demeurant), Bossa Nova Brasil. D'autres estiment (une minorité, grognonne et souvent Leblonneuse ou Gaveaienne -les quartiers les plus "bourgeois/tristes" de la ville) que ces blocos souillent les rues et abîment l'image de la ville. Mon avis est plus nuancé : je constate, avec un soupçon de nostalgie, voire de tristesse, que mes temps de biture sont derrière moi, et que dans le fond, faire du coller-serrer sous 35°C avec des jeunes éphèbes bronzés qui m'arrosent de leurs bières tièdes (si ce n'est pas d'un autre liquide, tout aussi tiède) ne m'éclate plus autant que lorsque j'écumais les fêtes de Pampelune, voici déjà bientôt 20 ans :)...Mais je n'en respecte pas néanmoins l'envie d'en découdre de ces sympathiques hordes de sans-soifs, qui contribuent tout de même a mettre un sacré beau bordel dans la ville, ce qui est dans le fond plutôt sympa, voire subversif !
Je soupçonne néanmoins la majorité de mes congénères gringos (soit tous ceux qui ne sont pas natifs do Brasil) de trouver les blocos "cools" simplement pour faire plus cariocas (ce qu'ils ne sont pas, et moi non plus). Et ça je dois avouer que ça m'agace un chouia...
Bref, trêve de polémique, pour tout savoir là aussi sur les lieux, dates et heures des défilés de tous les blocos, une seule adresse : l'excellent espace du Globo réservé au Carnaval, et ça se passe ici !

Ah, encore deux bons plans avant de vous laisser emporter par la folia carnavalesca ! :
- N'oubliez pas les nombreux bals qui se déroulent tout le long des 5 jours du Carnaval et qui renaissent de leurs cendres, après avoir brillé dans les années 80 et sombré dans les années 90. Si j'en ai un seul à vous conseiller , c'est évidemment le Baile Vermelho e Preto de mon Flamengo, qui aura lieu ce samedi 5 au Clube Monte Libano, à partir de 19h. Avec un peu de chance, vous y croiserez notre nouvelle idole, Ronaldinho Gaucho !
Mengãoooooooo !!
- Pour les amateurs de spectacles sportifs et/ou diurnes, ne ratez pas les tournois de beach-volley au bout de la plage d'Ipanema, dont les vainqueurs de chaque sexe se verront décerner le trophée (très prisé) de Rei e Rainha da Praia (Roi et Reine de la Plage, rien que ça...). Tournoi femmes les 5 et 6 mars, et tournoi hommes les 12 et 13 ! Qui délogera la sculpturale Larissa, vainqueur l'année dernière ?
Larissa, qui n'est pas métisse d'Ibiza...
Et pour terminer : BOM CARNAVAL 2011 !!

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