28 septembre 2010

Profitez de la promo Uni-Presse !

Amis lecteurs qui vivez au Brésil, ou partout ailleurs dans le monde, et qui cherchez à vous abonner à un bon magazine dans la langue de Molière, je vous propose de profiter de la promotion en cours de l'excellent site Uni-Presse, qui vous offre 10% de réduction sur les abonnements de tous vos canards -à partir du 2ème abo. Mais attention, ça se termine ce jeudi 30 septembre ! Deprisa ! :) Ca se passe ici !

20 septembre 2010

Elections 2010 : pancartes, calicots, clips vidéos et autres joyeusetés !

Si vous êtes des fidèles lecteurs de ce blog, vous n'êtes pas sans ignorer que le 3 octobre prochain, quelques 130 millions de brésiliens se rendront aux urnes (électroniques) pour choisir  le successeur du président Luis Inacio Lula da Silva. Mais ce que vous savez peut-être moins, c'est que cette élection (dont le vote est obligatoire, à l'instar de nos amis belges), qui monopolise l'attention médiatique, est loin d'être la seule qui agitera le pays en ce début de printemps austral !

En effet, les électeurs, s'ils n'ont en théorie pas l'option de rester "tranquilles" à la maison, peuvent se "consoler" en se disant qu'au moins ils ne se déplacent pas en vain ! Ils vont ainsi être amenés à voter pas moins de cinq fois : 
- Ils choisiront le nouveau Président de la République Fédérale du Brésil, donc. Dilma Rousseff (grande favorite) ou José Serra (en grande difficulté), voire Marina Silva (le joker vert ?) ;
- Ils iront aux urnes pour renouveler intégralement la Chambre des Députés (l'équivalent de notre Assemblée Nationale), soit 513 représentants des 27 Etats de la Fédération (en vérité 26 Etats et le District Fédéral, de Brasilia), élus dans un scrutin direct et proportionnel des listes par Etat -avec un minimum de 8 députés pour chacun des Etats. Il s'agit donc des Députés Fédéraux (Deputado Federal, le vocabulaire est important pour suivre la suite !) ;
- Ils devront également choisir leurs Sénateurs : le Sénat Fédéral compte 81 membres, soit 3 par Etat, et est renouvelé aux 2/3 (ou 1/3) tous les 4 ans. Ce coup-ci, ce sont 54 nouveaux Sénateurs Fédéraux (Senador Federal) qui siégeront à Brasilia, élus pour le coup au scrutin majoritaire ;
Le Parlement à Brasilia 
- S'ils leur reste un peu d'énergie et de clairvoyance (?), les électeurs nommeront leurs prochains Gouverneurs d'Etat (Governador), 1 pour chaque Etat -soit 27 au total. C'est la seule élection, à l'exception bien entendu de la présidentielle, qui parvient à avoir un peu de surface médiatique. Ainsi à Rio, la lutte entre le sortant (et archi-favori) Sergio Cabral et son challenger principal, le vieux renard du Partido Verde Fernando Gabeira, bénéficie d'un chouia de visibilité, même si les jeux semblent faits (Cabral est à près de 60% d'intentions de vote).  
- Enfin, s'ils n'ont pas les doigts remplis de crampes à force de tapoter sur leurs machines électroniques de vote (où des numéros représentent chacun des candidats -ainsi le 45 pour Serra ou le 13 pour Dilma), les brésiliens renouvelleront les Assemblées Législatives de chaque Etat ! Les candidats sont pléthore, dans tous le pays, pour composer des assemblées qui comptent en moyenne une cinquantaine de Députés d'Etat (Deputado Estadual) (70 dans l'Etat de Rio, qui siègent dans le très beau Palais Tiradentes). 

Si l'intention première d'une telle concentration de votes est louable (le vote étant obligatoire -84% de participation en 2006- il s'agit de faire déplacer le moins possible les citoyens de façon "forcée"), le résultat pour la santé démocratique du pays est à mon sens catastrophique : à l'exception d'une toute petite frange de la population, personne ne comprend rien aux différentes strates qui composent la République Fédérale du Brésil, et le citoyen vote machinalement (c'est le cas de le dire !) à ce gloubi-boulga politique mélangeant tous les niveaux de responsabilités du pays (à l'exception notable des Mairies), sans saisir les enjeux de chacune des 5 élections en cours ainsi que les missions respectives de chacun des corps en présence -et on les excuse bien volontiers, imaginez qu'il faille en France que nous élisions en une seule fois le Président, l'Assemblée Nationale, le Sénat, les Régions et les Cantons ! Folie !

Pour émerger dans ce maelström de candidatures en tout genres, les apprentis Députés ou Sénateurs disposent de supports originaux, et doivent rivaliser d'ingéniosité (?) pour frapper les consciences de leurs concitoyens : pas question de débattre des programmes des uns et des autres (ça peut intéresser qui ?), donc on s'affiche dans la rue avec force accroches percutantes, ou on profite des quelques secondes accordées par candidat à la télévision pour tenter d'alpaguer l'attention du citoyen !

Je vous ai préparé un petit florilège de pancartes ou beaux calicots qui égrènent la orla d'Ipanema ces jours-ci, ou encore les sympathiques bicyclettes électorales que l'on croise au détour du posto 9...
Je débute par mon préféré : le candidat "couillu" à la députation fédérale Marcelo Itagiba, ancien policier fédéral, qui tente de se faire réélire sur le slogan populiste "tous pourris, sauf moi"...Gros moment aussi, la voiture à haut-parleurs du candidat scandant, sur un air de samba, le refrain "Ô Itagiba, pega o ladrão" ("Oh Itagiba, attrape le voleur..."). 
Mention spéciale également pour Claudio Rocha, candidat Député Fédéral, "militaire et gay", qui veut "vaincre les a prioris !". Style Village People assumé ! 
Les candidats s'affichent également aux fenêtres des appartements, en banderoles tractées par des vélos ou des charmantes jeunes filles en rollers, ou encore sur les portières des voitures...Tout est bon pour optimiser sa visibilité à peu de frais ! Petit best-of ci-dessous ! 

Et puis peut-être le plus sensationnel, dans toutes les acceptions du terme, la campagne télévisée officielle vaut vraiment le détour ! Tous les soirs de 20h30 à 21h, c'est un défilé ininterrompu de candidats aux postes de Deputado Estadual, de Deputado Federal...A l'exception des rares têtes d'affiche, impossible de savoir exactement combien sont ces candidats, quelles sont leurs motivations, quels partis ils représentent...Ils disposent de quelques secondes seulement pour marquer le coup et tenter de s'incruster dans la tête embrumée du téléspectateur-citoyen, qui finit au bout de la demi-heure littéralement assommé par cette frénésie de trombines qui se succèdent, de chiffres qu'ils éructent, de shows qu'ils proposent !
Un formidable exemple des "bizarreries" que l'on peut croiser à "l'heure électorale" : 
 
Je vous recommande en particulier : 
- La bimbo Mulher Pera, 26"
- L'agressive Luciana Costa, 40"
- le fabuleux "Tiririca de la télévision", 53", qui avoue "ne pas savoir à quoi sert un Député Fédéral, mais si tu votes pour moi, je te raconterai ! Pire que moi, ça n'existe pas !". Enorme, non ?! 

Et puis une autre compilation qui vaut le coup d'oeil : 
Respect ici pour : 
- Vaitinho, le super-héros fédéral, 13"
- Le surexcité Chupetinha, 57"
- Le cow-boy Delegado Waldir, 1'10" ! 

16 septembre 2010

Le morro da Conceição, le Rio originel...

Les journées qui débutent bien sont-elles également vouées à bien se terminer ? Ce mercredi, la règle semble avoir été respectée à la lettre : après une laborieuse (au sens premier du terme) matinée achevée par la signature d'une jolie mission, je me mets en tête de fêter cette modeste victoire en partant découvrir l'un des quartiers les plus méconnus de la ville, absent des guides touristiques, et où pourtant bat l'âme quadricentenaire de la "Ville Merveilleuse" : le morro da Conceição.
Pour ce faire, direction le métro de Cantagalo, à 400 mètres de chez moi. Lecture du Lance ! du jour, bien entendu, et descente à la station Uruguaiana, dans l'agitation frénétique du quartier du Saara, où les harangues des commerçants rivalisent de barulho avec les porte-voix des candidats aux postes de députés d'Etat lors des prochaines élections.

Je poursuis dans la rue Uruguaiana jusqu'à traverser l'immense avenue Presidente-Vargas, la plus grande artère de la ville et son chapelet ininterrompu d'autobus, de taxi, de voitures particulières ou de camelots. Au loin, c'est l'imposante façade de la plus grande église de Rio, Nossa Senhora da Candelaria, que l'on aperçoit.
NS da Candelaria, depuis la Presidente-Vargas

Au bout d'Uruguaiana, je prends à gauche l'avenue Marechal-Floriano, avant de déboucher dans la Rua da Conceição. Déjà, l'ambiance change, les trépidations du Centro suractif commencent à s'atténuer, et je découvre les premiers sobrados, les petits immeubles coloniaux sur 2 étages très typiques de l'architecture lusitanienne du XVIIème et XVIIIème siècles. On s'y affaire d'ailleurs, la peinture y est fraîche et les couleurs éclatantes.
Rua da Conceição
Peinture en rappel : tudo bem ! 
Au bout de la Rua da Conceição, c'est le début de la petite ascension sur le morro, par la Ladeira Pedro Antonio.

Le morro da Conceição, c'est la genèse de Rio, le premier quartier véritablement habité par les conquistadores portugais, à partir de la fin du XVIème siècle. Le miracle, c'est que celui-ci ait résisté aux fureurs urbanistiques des XIXème et XXème siècle, qui ont emporté dans les limbes une grande partie du Centre Historique (ainsi les quartiers du Castelo et de Santo Antonio, construits sur de petits monts, également, et rasés sans rémission pour y consacrer le règne des marchands et des entrepreneurs). Conceição, de son côté, conserva ses sèches (mais courtes) montées et fut toujours un refuge exclusivement résidentiel. Il est ainsi l'un des rares morros de la ville qui n'ait jamais hébergé de favelas, même si, et jusqu'à un passé récent, la plupart des maisons étaient très dégradées. Voici une dizaine d'années, le quartier entama néanmoins sa mue, par un long et encore inachevé processus de restauration des centaines de sobrados qui rendent si singulière la visite de Conceição.

Les maisons rénovées sont maintenant plus nombreuses que celles délabrées, surtout dans les deux artères principales du morro, la rue Jogo da Bola et la rue Eduardo Jansen. Le plus saisissant, c'est le calme serein des lieux, le bruit des rires des enfants au sein de l'école du quartier, le chant joyeux des oiseaux ou les aboiements rauques d'un chien chafouin, tous ces sons qui n'ont pas droit de cité quelques dizaines de mètres plus en contrebas, quand on est plongés dans la fureur des avenues Rio Branco ou Presidente-Vargas.

Au sommet du morro, sur la place Major Valô trône la Forteresse de Conceição, édifiée au début du XVIIIème siècle et qui abrite encore aujourd'hui des militaires somme toute plutôt sympas, à qui je fais um abraço, s'ils me lisent et s'ils se voient (comme je leur ai promis !).
Fortaleza da Conceição
Abraços, campeões !
La vue sur le quartier de Saude et plus loin, le pont de Niteroi vaut la petite suée de la montée de la ladeira ! Plus en contrebas, c'est la charmante église São Francisco da Prainha que je découvre, près de la place du même nom, sur laquelle ont régulièrement lieu des rodas de samba interprétées par des artistes "locaux". Il me faudra absolument venir, un prochain vendredi, pour profiter des ambiances nocturnes de Conceição (Jim et Anne-Marie, mes amis de Montréal et cariocas de coeur, m'en ont suffisamment parlé et m'en voudraient que je ne me décide pas !)...

Il me faut maintenant entamer la descente vers Rio-la-moderne : j'emprunte la ladeira do João Homem, peut-être finalement la plus jolie rue du morro, au sein de laquelle s'enchaînent et s'emboîtent de superbes sobrados multicolores. Les couleurs auriverde d'un Brésil uni vers un hypothétique hexa (en 2014 ?) y sont dignement représentées.

La visite s'achève par la rue Sacadura Cabral, la principale artère de Saude, et je tombe sur le fameux Kalesa Lounge, qui ne paie pas de mine mais offre paraît-il parmi les meilleurs nuits de Rio pour les amateurs de musique électronique...

Je sors de cette visite hors du temps avec un vrai sentiment de plénitude et de sérénité, me disant que oui vraiment, Rio est la ville de tous les contrastes, et que oui, définitivement, j'ai passé en ce mercredi doucement ensoleillé une journée de rêve...

09 septembre 2010

Rio de Janeiro toujours plus gay !

Rio de Janeiro est une destination de plus en plus appréciée par la communauté homosexuelle, à telle enseigne qu'elle a été élue en 2009 par la chaîne gay Logo (filiale de MTV) et le site Trip Out Gay Travel meilleur lieu touristique GLS (Gays, Lesbiennes, Sympathisants) du monde ! Et la Cidade Maravilhosa semble continuer sur cette tendance trendy en 2010, puisque là-voilà en compétition avec des lieux redoutablement hypes, tels que que Barcelone, Tel-Aviv ou Key West pour décrocher le titre envié de "destination la plus sexy au monde". Vous pouvez d'ailleurs voter pour la ville de votre choix ici !
A quoi doit-elle ce succès, en dehors de son fameux Carnaval ou bien entendu, de l'absolue beauté de son site naturel et de ses plages ? Peut-être au fait qu'on s'y amuse plus qu'ailleurs, et qu'on peut finalement y trouver quelques adresses plutôt sympathiques pour s'ébattre joyeusement !... Allez, spécialement pour vous, je vous propose ci-dessous un petit "best-of " (très subjectif) des meilleurs plans gays et lesbiens de notre ville merveilleuse !
Kisses...
Tout d'abord, sachez que le quartier gay de Rio, s'il est moins bien "délimité" qu'à Paris (Marais) ou qu'à San Francisco (Castro), occupe une partie d'Ipanema, en particulier la célèbre rue Farme de Amoedo, le posto 8 sur la plage (et ses drapeaux arc-en-ciel) et le bas de la rue Texeira de Melo (proche de la plage).

Pour vous loger, pas vraiment d'hôtels "dédiés" à la communauté GLS à Rio. Ceci dit, les "homos" fortunés apprécieront la modernité et le design de l'Hôtel Fasano (situé sur le bord de mer d'Ipanema) ou le charme classieux de l'Hôtel Santa Teresa (dans le quartier bohème du même nom). Bien sûr, des motels gay-friendlys existent pour retrouver ses conquêtes d'une nuit (en particulier dans le Centro, Avenida Gomes Freire), mais on aurait tendance à déconseiller de tels "plans", qui peuvent s'avérer risqués, pour de multiples raisons...

Le logement, c'est bien, mais faire la fête, c'est encore mieux ! Et pour cela, les adresses les plus courues sont finalement assez nombreuses...En voici quelques-unes qui ne devraient pas vous déplaire : 
- La Dama de Ferro : L'un des meilleurs clubs gay-friendlys de Rio, au bout de Vinicius, tout près de la Lagoa. Une porte grise peu avenante, mais une belle ambiance dès que la nuit devient bien sombre... Ca se passe Rua Vinicius de Moraes, 288, à Ipanema. ✆ (21) 2247 2330.
- Le Fosfobox : Le Fosfobar et le Fosfobox font la paire : bar et club, ambiances variées avec concerts et performances ao vivo de groupes, de DJs. Programmation disponible sur le site internet. Une belle adresse de la nuit gay carioca, comme on dit dans les guides ! On est à Copacabana, Rua Siqueira Campos, 143. ✆ (21) 2548 7498.
- Le Galeria Café : Le Galeria Café joue sur plusieurs tableaux : bar et galerie d'art (expositions...) la journée, club électrique et éclectique après 22h30, friperie le dimanche entre 11h et 20h (vente en particulier de beaux t-shirts moulants...). Rua Texeira de Melo, 31, à Ipanema. ✆ (21) 2523 8250.
- Le Boy et La Girl : Ces deux clubs, l'un dédié aux garçons (Le Boy), l'autre à ces demoiselles (La Girl), sont des institutions de la nuit GLS de Rio. Tenu par un français, Gilles, qui accueille les belles plantes de deux sexes, mais aussi les travestis. Spectacles de gogo-dancers, strip-teases, drag-queens, Gilles sait y faire ! Ambiance hyper festive, mon petit doigt me dit qu'on y passe parmi les meilleures nuits gays de la planète ! Rendez-vous vite Rua Raul Pompeia, 102, près du Posto 6, à Copacabana. ✆ (21) 2513 4993.
Ca swingue au Boy ! 
- The Week : Si la clientèle n'y est pas exclusivement gay, il s'agit peut-être du meilleur club de Rio pour danser sur de la bonne musique électronique. Une playlist et des DJ's do primeiro mundo ! ;). Courons tous Rua Sacadura Cabral, 154, à Saude, dans le Centro. ✆ (21) 2253 1020. 
- Enfin, parce que bouger ça fatigue et ça donne soif, on pourra se retrouver pour boire une chopp ou grignoter des petits pasteis, à presque n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, au Tô Nem Ai ! Ouvert en 2006, le botequim Tô Nem Ai a détrôné la Bofetada (qui a d'ailleurs fermé mi-2010) dans le coeur de la communauté gay de Rio. Les fins de semaine sont très animées, avec la chaussée prise d'assaut par les clients et la musique en mode majeur dès 21h ! Pour rajouter à l'ambiance, on pourra s'enivrer avec quelques cocktails détonnants comme le "Sex on the beach" (vodka, liqueur de pêche, jus d'orange et grenadine). Tout un programme ! Evidemment, nous sommes Rua Farme de Amoedo, 57, à Ipanema.✆ (21) 2247 8403. 

Enfin, pour s'informer sur les bons plans et les bonnes adresses de la communauté homosexuelle, quelques sites internet :
- Le Rio Gay Guide, en anglais ;
- Le site Netgay et sa rubrique "Roteiros" ("bons plans"), en portugais. A priori très bien renseigné sur les plans "coquins" ;
- La rubrique LGBT de l'office de tourisme de Rio, en anglais ;
- La rubrique Rio de Janeiro du site (en anglais) Trip Out Gay Travel. 
Amusez-vous bien ! ;)

08 septembre 2010

"L'éducation, le talon d'Achille du développement brésilien", par JJ Fontaine

Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas me lancer dans de longues digressions concernant un sujet hautement "inflammable" au Brésil (comme ailleurs, il faut l'avouer), en l'occurence la qualité de l'enseignement dispensé dans les écoles du pays (sujet de préoccupation n°1 des électeurs d'après l'hebdomadaire Veja). J'ai trouvé mon maître en la matière, à travers un excellent article publié dans Le Petit Journal du 6 septembre et signé du jounaliste Jean-Jaques Fontaine (par ailleurs auteur d'un remarquable blog sur le Brésil, Vision Brésil). Tout y est dit, ou presque.
Vous trouverez l'intégralité de l'article ici. Bonne lecture !

01 septembre 2010

L'ascenseur de Cantagalo : vraie avancée ou poudre aux yeux ?

Que vous soyez habitant de notre beau Rio, de préférence du côté d'Ipanema, ou voyageur de passage, en train de flâner dans les rues agitées du quartier le plus couru de la Cidade Maravilhosa, vous n'avez pas pu le rater, tant sa masse imposante attire l'oeil, à l'angle des rues Teixeira de Melo et Barão da Torre. Cet édifice à l'architecture résolument moderne, fait de béton, d'acier et de verre, composé de deux tours de respectivement 65 et 30 mètres de hauteur, reliées entre elles par une passerelle de près de 50 mètres de long, c'est le nouvel ascenseur de Cantagalo. Inauguré en grandes pompes en juin dernier par la fine fleur de l'establishment local (le gouverneur de l'Etat de Rio, Sergio Cabral, et le maire de la ville, Eduardo Paes, entre autres), il permet dorénavant aux quelques 12.000 habitants de la communauté éponyme d'accéder à leurs domiciles plus aisément, sans emprunter l'ancien et abrupt escalier qui était jusqu'alors le seul chemin menant "ao topo do morro" (au sommet de la montagne). Mais si cet ascenseur, dont l'édification a coûté -officiellement- la modique somme de 52 millions de R$ (!), est un plus indéniable pour les favelados de Cantagalo, on peut néanmoins sérieusement s'interroger sur les véritables bénéficiaires d'une telle "oeuvre", quelque peu grandiloquente : ne seraient-ce point plutôt les promoteurs immobiliers des alentours (où le m² se négocie déjà à des niveaux élevés) qui voient leurs prochains projets se valoriser sensiblement, ou les politiques en place, qui présentent à leurs "clients" (que cela soit leurs électeurs, qui doivent se prononcer très prochainement, ou les membres de la FIFA ou du CIO, impressionnés par la magnificence du bâtiment et rassurés par les moyens déployés pour garantir une Coupe du Monde de football et des Jeux Olympiques paisibles) une "vitrine" dont le budget aurait certainement pu être divisé par dix si l'on s'était attaché à construire un ascenseur seulement "utilitaire" (ie dont le seul but aurait été d'acheminer les habitants jusqu'à chez eux). Et puis il fallait bien qu'en cette année d'élection, quelques projets, si possible emblématiques et ostensibles, issus du fameux PAC (Programa de Aceleração do Crescimento, Programme d'Accélération de la Croissance), voient le jour, pour légitimer l'action de l'ex-Ministre de la Maison Civile en charge de ce plan gouvernemental...en l'occurence l'actuelle candidate du PT à la présidentielle d'octobre, Dilma Rousseff. Et l'ascenseur de Cantagalo, comme le Complexe des Sports de Rocinha (nouvellement inauguré également), en fait partie...

Quoiqu'il en soit, votre serviteur a pu quand même apprécié le côté "accueillant" des lieux, avec en particulier un Mirante (point de vue panoramique, à 65 mètres de haut) qui offre une vue assez impressionnante sur une bonne partie de la Zona Sul : la plage d'Ipanema au sud, la Lagoa à l'ouest, et les modestes habitations de la favela (sur-exposées au vu et au su des "voyeurs chics" du quartier -dont je fais partie) au nord. A n'en pas douter, voici l'une des nouvelles étapes "touristiques" que les habitants et visiteurs occasionnels de Rio inscriront prochainement (ou dès aujourd'hui, le dimanche étant déjà une journée de trafic intense de badauds étrangers à la communauté...) à leurs agendas ! Et ce de surcroît qu'avec l'installation de l'UPP (les forces de polices dites "pacificatrices") de Cantagalo en décembre dernier, la sécurité est garantie dans le lieu. Ce qui, ne boudons pas notre plaisir, est quand même une grande avancée, d'abord pour les habitants de la favela !

Ci-dessous quelques photos, prises depuis l'entrée du "monument", ou depuis le Mirante (poétiquement baptisé Mirante da Paz -Point de vue de la Paix)...
L'ascenseur de Cantagalo vu de la Rue T.de Melo
La plaque du Mirante
Vue sur Cantagalo
Vue sur Lagoa - les "Deux Frères"
Vue sur Ipanema

Dilma : le péché d'orgueil ?

Lula et sa "créature"
Alors que la campagne présidentielle entre dans sa phase décisive (il ne reste plus qu'un bon mois avant le vote du premier tour, qui aura lieu le 3 octobre prochain), et que les derniers sondages confirment le vent -très- favorable pour la candidate du PT Dilma Rousseff (le dernier sondage Datafolha en date du 28 août dernier crédite Dilma de plus de 20 points d'avance sur le candidat d'opposition, le PSDBiste José Serra), j'en viens à m'interroger sur la pertinence des toutes dernières déclarations et attitudes de la "créature" de Lula, cette Dilma Rousseff qui était encore inconnue de 80% des brésiliens il y a un an et qui ne doit sa popularité qu'au fait qu'elle soit le "choix du roi", en l'occurence celui du président en exercice, l'incroyablement charismatique et populaire Lula da Silva. En effet, dopée par ces bons sondages, voire enivrée, elle semble de fait déjà installée dans le Palacio do Planalto (le Palais Présidentiel de Brasilia), si on en juge par ses récentes prises de parole ("Ma plus grande fierté, c'est de devenir la première femme présidente du Brésil"), mais aussi l'emploi du futur, et non plus du conditionnel (le "si je suis élue..." n'est plus au goût du jour), dans ses prises de position : "je n'ajusterai que marginalement les impôts", a t-elle très récemment déclaré. Plus ennuyeux pour la bonne tenue du débat politique qui doit se poursuivre durant ce mois de septembre, elle fait preuve d'une certaine morgue en refusant de débattre, les 9 et 10 septembre prochains, avec les éditorialistes et les lecteurs de O Globo, alors que ses deux principaux adversaires, José Serra, donc, mais aussi Marina Silva (des écologistes du PV) ont accepté l'invitation du plus important quotidien national (même si celui-ci est farouchement anti-Dilma). Elle semble oublier que les électeurs ne se sont pas encore prononcés, et qu'il en va de l'intérêt de la (jeune) démocratie brésilienne de respecter les échéances et de ne pas brûler les étapes, quand bien même tout semble indiquer que le travail de sape de Lula en faveur de Dilma est en train de payer. Et c'est bien ce qui devrait inciter cette dernière à plus de modestie : elle ne serait rien sans son mentor, ce président aux 80% d'approbation populaire en fin de mandat, ce monstre politique adoré par une très large frange de la population, n'en déplaise aux élites cariocas et paulistas. A telle enseigne que la seule question que posent (ou posaient jusqu'à récemment) les nombreux indécis au moment de se prononcer sur leur vote est : "Qui est le (la) candidat(e) de Lula ? Parce que c'est pour lui (elle) que je voterai...". Ceci devrait inciter à plus de mesure, chère Dilma...

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