22 janvier 2011

Ensaio à São Clemente, notre école de samba pour le Carnaval 2011 !

Après avoir sambé aux sons de la prestigieuse école de Salgueiro en novembre dernier (je vous avais relaté cette expérience fascinante ici -sans parler de la troublante rencontre avec la pulpeuse rainha Viviane Araujo), la soirée de vendredi a été consacrée à une nouvelle immersion in vivo au coeur de ce que la passion carnavalesque qui anime chaque carioca a de meilleur, en l'occurence la découverte de la quadra (le siège de l'école) de la modeste mais sympathique São Clemente.
L'évènement avait ceci de particulier que nous avons d'ores et déjà décidé de défiler lors du Carnaval de cette année (qui se déroulera du 5 au 9 mars prochain) avec cette école, l'une des rares situées dans la Zona Sul de la ville -São Clemente est l'une des avenues principales du quartier de l'agréable quartier de Botafogo, célèbre pour sa vue imprenable sur le Pain de Sucre. Celle-ci ne fait certes pas partie du gotha des écoles cariocas (composé des traditionnelles Portela, Mangueira, Beija-Flor ou encore Salgueiro qui trustent la majorité des titres), mais elle n'en vient pas moins de "monter" en 2010 dans le "Groupe Spécial", composé des 12 meilleures écoles de samba de la ville, et à ce titre, a obtenu l'insigne privilège de défiler dans la cour des grands.
Si São Clemente a vu le jour à Botafogo, la quadra a déménagé voici plusieurs années pour s'installer dans le Centro, le long de la fameuse avenida Presidente Vargas (qui creuse un sillon de 4 kilomètres de long au sein même de la capitale fluminense). Nous nous y rendons donc pour la première fois : le lieu, s'il est quelconque quant à son emplacement et à son cadre plutôt dépouillé, ne manque finalement pas d'un certain charme au fur et à mesure qu'il se remplit de centaines de foliões (fêtards du Carnaval) et de socios (membres) de l'école, dont une bonne partie arbore les traditionnelles couleurs jaune et noir de l'école. La bateria ne manque pas de caractère, même s'il faut avouer qu'elle n'a pas l'énergie et le talent de celle de Salgueiro (réputée pour être la meilleure de toutes les écoles de la ville). Nathalie en profite pour poser fièrement devant une affiche à la gloire de l'école, et j'en fais de même, histoire de vous montrer que nous étions bien présents dans la place :)
La quadra de São Clemente
La bateria de l'école

 Et puis vient le moment tant attendu de découvrir et/ou de chanter l'hymne de la saison 2011, le samba-enredo qui sera celui de São Clemente lors du défilé de cette année. Pour leur retour au sein du Groupe Spécial, le moins que l'on puisse dire, c'est que les organisateurs de l'école n'ont pas pris de risque insensé : le thème retenu est d'un classicisme absolu : "O Rio, abençoado por Deus e bonito por natureza", soit "Rio, béni de Dieu et à la nature magnifique" ! Mais la chanson elle-même est plutôt réussie et remplit pleinement son rôle, nous donner envie de samber et d'en reprendre les paroles ("Sou Carioca e São Clemente, irreverente minha paixão"...). Mais laissons la chanson s'exprimer elle-même, ce sera bien plus explicite que de vaines paroles...
Au final, l'impression générale que nous laisse São Clemente est plutôt bonne. Certes, on est loin du faste et du professionnalisme absolu d'une Salgueiro ou d'une Beija-Flor, mais après avoir défilé avec Imperatriz l'année dernière (une autre école majeure, même si elle se trouve sur la pente descendante), il me semble que nous allons apprécier de vivre une expérience plus "modeste" et peut-être avec moins de tension négative (personne au sein de l'école ne s'imagine gagner lors du défilé : le seul objectif est de rester en Groupe Spécial !). Et, puis, honnêtement, est-ce que l'on ne va pas être superbes, Nathalie et moi, dans les fantasias que nous avons choisies, et qui répondent au doux nom de "Passeio a beira-mar" ("Promenade en bord de mer" ? :).
Suite des festivités prévue pour le 12 février : ensaio tecnico au Sambodrome même avec São Clemente ! Restez "tuned" !

15 janvier 2011

Ronaldinho à Flamengo et inondations meurtières à Teresopolis : Rio, du paradis à l'enfer

L'actualité de la semaine qui s'achève a été littéralement happée par deux évènements aussi antinomiques que possible, à tel point que leur association au sein d'un même post peut paraître pour le moins incongrue :

- Le peuple rubro-negro (soit plus de 50% du peuple carioca lui-même, dois-je le rappeler aux nombreux détracteurs de mon Mengão qui n'ont pas manqué de s'exprimer à la suite de mon post sur le titre -légitime- de champion du Brésil obtenu par le rival Fluminense cette année) a fêté avec faste l'issue heureuse de la novela Ronaldinho ! Le Ballon d'Or 2005 a en effet signé pour 4 ans au Flamengo, jusqu'à la Coupe du Monde 2014 à laquelle il espère participer et qui se tiendra...au Brésil. La présentation du joueur ce jeudi a donné lieu à une incroyable liesse populaire au siège même du club hexacampeão, retransmise en direct par la télévision brésilienne : plus de 20.000 personnes sont venues acclamer leur nouveau Dieu du Stade, en espérant que celui-ci tire de nouveau leur Flamengo vers les sommets après une année 2010 d'une insigne tristesse. Les quelques images que je vous joins ici montre la folie qui s'est emparée du quartier de Gavea où s'est déroulée la présentation du "Gaucho" (Ronaldinho est originaire de Porto Alegre, la capitale du Rio Grande do Sul, à l'extrême sud du pays) devant la marée humaine en rouge et noir (et cette-fois ci Jeanne Mas n'y était pour rien ! :)

- Beaucoup plus tragique, les terribles inondations dans la région Serrana située au nord de l'état de Rio (et principalement les villes de Teresopolis, Petropolis, Nova Friburgo) causées par les pluies diluviennes de ce début de semaine, dont le bilan humain et matériel ne cesse de s'alourdir de jour en jour : on parle maintenant de plus de 550 morts et de près de 6.000 personnes sans-abris. Après les glissements de terrains du mois d'avril 2010 survenus à Rio même et ayant causé la mort de plus de 250 personnes, l'Etat fluminense se voit de nouveau châtié par les pluies, mais plus encore par son urbanisation anarchique (comme le relate cet article de Veja traduit par Courrier International) et l'incurie des services publics en matière de prévisions des dangers naturels. Les images, effrayantes, des eaux emportant tout sur leur passage n'ont cessé de faire le tour des journaux télévisés du Brésil et d'ailleurs -jusqu'à l'incroyable sauvetage de Dona Lais, que je vous pouvez découvrir ici. 
 

Pourquoi donc associer ces deux nouvelles, donc ? Parce que je crois que la conjonction de la mise en scène dans les médias de ces deux évènements a priori sans aucun rapport traduit tout le paradoxe du Brésil et de ses habitants : le pays sait se rassembler et communier comme aucun autre aussi bien pour célébrer les joies en apparence les plus futiles (en particulier autour de cet opium du peuple brésilien qu'est le football), mais aussi pour partager les plus grandes douleurs, et montrer des élans de solidarité et d'union que l'on ne rencontre que rarement (un exemple parmi tant d'autres : ma page Facebook a été inondée depuis deux jours de messages de soutien aux victimes des inondations, mais aussi d'initiatives diverses et variées pour collecter de l'argent ou des biens de première nécessité pour les sans-abris). Cette solidarité sans faille, dans le bonheur ou dans la douleur, me semble être une composante fondamentale de la mentalité brésilienne, qui contribue à rendre l'expérience de vie ici si particulière, voire magique.

Comment aider les victimes des intempéries de la région Serrana ? Toutes les informations ici (en portugais, vive Google Translate pour les non-lusophones!). 


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