03 septembre 2011

Pollution, le drame carioca

Si Rio est une ville d'une beauté fascinante, et qu'elle ne vole en rien son appellation de Cidade Maravilhosa, elle est malheureusement -et très régulièrement- maltraitée par ses habitants, et ce depuis des décennies. La croissance effrénée de la ville dans la deuxième moitié du XXème siècle, ajoutée à l'incurie des pouvoirs publics incapables d'investir durablement dans l'assainissement des eaux usées et le traitement des déchets font qu'encore aujourd'hui moins de la moitié des domiciles de l'Etat de Rio disposent du tout à l'égout (selon une étude de l'IBGE -l'INSEE brésilien- parue en 2008). J'ai ainsi pu déjà partager avec vous ma consternation devant le cloaque immonde qu'est devenue la baie de Guanabara, dans laquelle se déverse quantités de rivières polluées, charriant avec elles, dans un rythme effréné et effrayant, plus de 20.000 litres de déchets...par seconde ! Et je vous ai également parlé du fait que la pollution va jusqu'à envahir le sable des plages : les déchets ménagers ne sont ici plus en cause, c'est plus nos "amis" les bêtes et leurs matières fécales qu'il faut incriminer, mais aussi le jeito (style) tout carioca de répandre allègrement ses détritus sur la plage, au mépris du respect de l'environnement et des ses congénères plaisanciers.

Et voilà que je découvre, consterné (de nouveau), dans le Globo du jour (celui d'hier, pour être tout à fait honnête), deux photos des nouveaux dommages que l'homme, dans sa folie coutumière, fait subir à l'environnement dans les très proches environs de la ville de Rio.


Il est commun de penser que le très coté Barra da Tijuca, le quartier des nouveaux riches cariocas, est protégé des dommages environnementaux, de part son relatif éloignement avec la baie de Guanabara, mère de toutes les pollutions (du moins l'imaginait-on). A la vue de la photo ci-dessus, les baigneurs, surfeurs et kiteurs de la plage de Pépé, ou de celle, voisine, de Joatinga, vont devoir ranger sungas (les maillots échancrés typiquement caricoas) et autres planches en tout genre : cette gigantesque tâche noire qui s'écoule depuis le canal de Joatinga est de l'égout, et rien d'autre. Elle est la triste résultante de l'extrême pollution qui règne dans les lacs de Tijuca, Jacarepagua et Marapendi, pourtant préservés d'une quelconque atteinte à leur propreté jusqu'au début des années 80. L'urbanisation à marche forcée, la cupidité des promoteurs locaux et l'aveuglement des pouvoirs publics (stimulé il est vrai par les multiples propinas -dessous de table- dont ils ont bénéficié) ont fait de ce coin de paradis une plage impropre à la baignade toute l'année durant.


De l'autre côté de la baie de Guanabara, c'est Niteroi, une ville moderne de quelques 500.000 âmes, moderne et sans cachet particulier, célèbre avant tout pour son Musée d'Art Contemporain, conçu par le toujours vert Oscar Niemeyer (qui va quand même sur ses 104 ans cette année !). Depuis le centre de Niteroi courent quelques cours d'eau, ou ce qu'il en reste, en direction des plages (dont quelques-unes superbes) du nord de la ville, ou vers la fameuse baie de Guanabara, au sud. La photo ci-dessus montre que l'eau de la rivière a bien du mal à se frayer un chemin, entre pneus usagés, sacs plastiques, canettes et autres parapluies (!). L'odeur fétide et la vision dantesque incommodent tout un quartier, sans que cela ne semble émouvoir plus que cela la préfecture de la ville -il faut dire bien peu aidée par les très mauvaises habitudes prises par les habitants de balancer à peu près tout à peu près n'importe où...

Les brésiliens, et les cariocas en particulier, ont hérité de Mère Nature d'un trésor prodigieux. Il serait bon, pour leur propre salut et celui de l'humanité tout entière ("Amazonie, poumon vert...") qu'ils songent à le préserver un peu (voire beaucoup) mieux.

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