Après le gain de l'organisation des Jeux Olympiques à Rio en 2016, voici venu le temps de (tenter de) répondre aux nombreux engagements pris pour parvenir à rafler la décision des jurés du CIO. L'un des plus grands défis est certainement la promesse de rendre à leur propreté quasi originelle les eaux de la baie de Guanabara (en fait, de réduire de 80% les arrivées d'eaux sales et d'égouts dans l'anse mythique).
Ci-dessous une triste vue du nord de la baie dans laquelle se déversent 20000 litres de déchets par seconde !
En réalité, au-delà de l'enjeu que cela représente pour le Comité Brésilien, c'est également une nécessité de salubrité publique, sur laquelle se heurte le gouvernement fédéral de Rio depuis bientôt 15 ans et le premier Programme de Dépollution de la Baie de Guanabara, initié en 1995. La complexité vient du fait que ce n'est pas que la ville de Rio qui est concernée par le sujet, mais bien les 15 communes environnant la baie, et que la pollution a des causes multiples : eaux de pluies contaminées, égouts se jetant directement dans la baie sans traitement préalable, résidus solides et liquides industriels, déchets, déforestation sauvage...
Le Programme initié en 1995 a néanmoins permis de déjà réduire substantiellement les émissions de déchets en provenance de l'industrie. Mais le problème majeur (et principale cause de pollution) n'a jusqu'alors pas été traité : il s'agit des déchets domestiques qui sont quotidiennement jetés dans la baie par les populations environnantes. Et le problème semble insoluble en sept ans, comme le reconnaît l'océanographe carioca Paulo Cesar Rosman : "Le grand problème sont les trois millions de personnes qui vivent dans des conditions inhumaines, sans aucun système d'assainissement basique, dans les nombreuses municipalités qui jouxtent la baie. Résoudre cela dans un délai de sept ans est pratiquement impossible". Parce que l'on dépasse la "simple" question de la dépollution pour être confronté au colossal défi de l'aménagement urbain des Zones Nord et Ouest de Rio, régions miséreuses où se succèdent des favelas faites de bric et de broc et où la question sanitaire passe presque après le souci impérieux d'avoir de quoi se nourrir pour survivre. On rejoint ici la nécessité déjà évoquée de tout faire pour partager plus équitablement les fruits de la croissance brésilienne, dopée pour ce qui concerne Rio par la double succession d'évènements aussi retentissants que la Coupe du Monde de Football en 2014 et les JO en 2016, et de faire en sorte que les comunidades ne soient pas les parents oubliés du colossal relifting que va subir Rio dans les prochaines années.
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