Je suis tombé, dans Veja daté du 13 janvier dernier, sur une très instructive interview de Sergio Guerra (photo ci-contre), le président du principal parti d'opposition, le PSDB (Parti Social-Démocrate Brésilien). Celle-ci, dont vous pouvez apprécier quelques morceaux choisis ci-dessous, nous démontre que :
1- La campagne électorale qui s'ouvre pour la désignation du prochain président du pays sera sanglante, ou tout au moins très animée : les coups-bas, les attaques ad hominem et les petites phrases assassines devraient être légions !
2- La campagne se gagnera très certainement à gauche : dans un pays où les inégalités restent majeures (malgré les prémices de réduction de celles-ci par Lula durant ses 8 années de pouvoir), le PSDB, traditionnellement de centre-droit (c'est le parti de l'ex-président Fernando Henrique Cardoso) annonce qu'il est un parti "plus à gauche" que le PT de Lula !
3- Le PSDB ne s'embarrassera pas trop de sa propre histoire tourmentée, ni de celle de son candidat à cette prochaine élection, José Serra, mais se positionnera bien comme le parti "propre" face à un PT englué dans ses compromis douteux (l'alliance avec le triste parti-croupion issu de la dictature, le PMDB des sinistres José Sarney -président du Sénat- et Michel Temer -certainement le vice-président de la candidate du PT Dilma Roussef) ou dans divers scandales (dont le fameux Mensalão).
Quelques extraits de l'entrevue, donc :
Sergio Guerra : "Nous avons un excellent candidat (José Serra), qui n'est pas en tête des sondages par hasard. Serra est un homme politique intelligent, préparé, qui sait gouverner et qui l'a déjà montré (NB : Serra a été ministre de FHC, candidat malheureux contre Lula en 2002 et est actuellement gouverneur de l'état de São Paulo)...Dilma Roussef, de son côté, n'a jamais été candidate, n'a pas d'histoire avec le pays. Quel est son curriculum-vitae (NB : elle est quand même Ministre de la Mason Civile du gouvernement Lula !) ? Dilma est candidate parce que le président en a voulu ainsi."
Q: Comment Serra peut-il conquérir l'électorat du Nordeste, qui chérit le président Lula et qui a très largement bénéficié de programmes comme la Bolsa Familia ?
SG : "Personne n'aura les votes que Lula détient dans le Nordeste. Pas même Dilma. On parle beaucoup de transfert de votes, mais je ne crois pas qu'il y aura tant de transfert que ça en faveur de Dilma. Je l'ai vu à l'intérieur du Nordeste : le peuple n'aime pas la ministre. Mais beaucoup apprécient Serra.
Q : Si Serra gagne, il y aura de grands changements dans la politique économique ?
SG : "Sans aucun doute. Nous allons nous occuper des taux d'intérêts, des taux de change et de l'inflation. Nous ne sommes pas d'accord avec les taux d'intérêts pratiqués aujourd'hui, comme avec les taux de change. Nous sommes en train de créer des emplois en dehors du pays, les derniers résultats de la balance commerciale sont très négatifs. Nous devons créer des mécanismes qui créent de l'emploi au Brésil."
Q : On a l'impression que le PSDB est à la gauche du PT...
SG : "Mais oui, nous sommes plus à gauche ! Si nous gagnons, nous allons accélerer les investissements dans l'éducation et la santé. Nous maintiendrons la Bolsa Familia, qui est un mécanisme efficace d'erradication de la misère et de la faim. Le PT, qui était à gauche, ne l'est plus : c'est un parti populiste aujourd'hui...Dilma et le PT font une campagne électorale sans la moindre retenue. Nous assistons à un assaut de propagande ! C'est une stratégie bien articulée de publicité, dans laquelle les entreprises publiques souscrivent puissamment. Le film sur Lula (Lula, o filho do Brasil) actuellement à l'affiche a été financé ainsi. C'est inacceptable dans une démocratie."
Cela promet, je vous dis ! ;)
A suivre de près dans les prochaines semaines (j'attends une interview consistante, de campagne, de la part de Dilma Roussef et/ou de José Serra...).
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