31 mai 2010

"A musica dos grandes mestres", super concert de musique classique sur Copacabana !

La soirée de samedi est l'une de celles que vous ne pourriez vivre qu'à Rio, ou presque : un concert de musique classique monté de toutes pièces, sur la plage de Copacabana, auquel près de 100.000 (!) personnes ont assisté ! Celui-ci a été initié en l'honneur de l'Orquestre Symphonique Brésilien, qui fête cette année ses 70 ans. Dirigé par Roberto Minczuk, il a proposé un "pot-pourri" du meilleur de la musique classique, depuis les baroques (Les 4 saisons de Vivaldi, l'Aria de Bach) jusqu'aux modernes (Stravinsky ou le brésilien Villa-Lobos), en passant par la période romantique (La chevauchée des Walkyries de Wagner, Carmen de Bizet...), le tout en deux petites heures chrono. La scène, immense, reproduisait le décor d'un opéra classique, et des écrans géants de chaque côté de la scène ont également retransmis le concert en mode "live". Le temps était de la partie, doux et avec un ciel limpide, avec une pleine lune superbe qui irradiait sur la plage de ses mornes rayons.

Nous nous sommes donc rendus en famille à l'évènement. La musique adoucit les moeurs, même ceux de notre agité de Romain, qui a également été captivé (pendant plus d'une heure, après ce fut plus compliqué ;) par le spectacle. L'acoustique était vraiment excellente, avec une sensation d'omniprésence de la musique qui nous enveloppait de tous côtés. Vraiment une magnifique initiative de la part de la ville de Rio, sur ce coup ! On a même pu entrevoir quelques entrechats de la plus grande ballerine brésilienne, Ana Botafogo, sur le Casse-Noisettes de Tchaikovsky !

Quelques photos prises sur le vif ci-dessous, ainsi qu'un mini-film pour vous faire partager (un peu) ce délicieux moment...

26 mai 2010

Découverte de Brasilia la moderne !

La mi-avril (je sais, je suis à la bourre...) a été l'occasion d'un beau voyage en amoureux avec Nathalie (ma douce belle-mère et ma non moins douce "belle-tante" gardant les garçons à Rio) avec comme destination "majeure" le Parc du Jalapão (superbe et sauvage nature, je vous en parlerai lors d'un prochain post). Nous avons néanmoins profité de l'occasion et d'une connexion indispensable à Brasilia pour visiter pour la première fois la jeune capitale de notre pays d'accueil. 

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous n'avons pas été déçus ! Brasilia est une expérience étonnante, certainement la cité de cette ampleur (près de 2,5 millions d'habitants aujourd'hui) la plus récente au monde : elle fut en effet inaugurée le 21 avril 1960 (elle n'a que 50 ans la gamine !) après des travaux colossaux qui furent initiés par le président de l'époque, Juscelino Kubitschek (qui fut élu en 1956 sur le slogan "50 ans de progrès en 5 ans"). 


La capitale brésilienne est d'abord un lieu, le planalto central, un grand plateau à 1000 mètres d'altitude perdu dans l'immense cerrado au coeur du pays. Première constatation : le temps est superbe et surtout très sec, ce qui nous change de la moiteur carioca. Brasilia, c'est ensuite un projet fou, imaginé par l'urbaniste Lucio Costa et dont les principaux édifices ont été réalisés par le génial architecte Oscar Niemeyer. Lucio Costa proposa le fameux Plan Pilote de la ville (photo de gauche), organisé autour de deux axes perpendiculaires donnant à la ville la forme d'un avion : l'Eixo Monumental, la grande avenue centrale où se concentrent les édifices publics, et l'Eixo Rodoviario, qui regroupe les immeubles d'habitations. Oscar Niemeyer conçut le Congrès National, la Cathédrale Municipale, le Palais présidentiel (dit du Planalto), le Tribunal Suprême Fédéral, le Musée National...et bien d'autres oeuvres encore. 

La visite est vraiment passionnante, où l'on découvre un autre Brésil, loin des vapeurs carnavalesques de Rio. Une ville propre et sage, aux dimensions étonnantes (il faut bien se chausser pour arpenter les kilomètres de rues qui vous conduisent à chacune des curiosités de la ville) et à l'atmosphère sereine. Ceci étant, Brasilia doit être beaucoup plus agréable à visiter qu'à y séjourner durablement : on n'y sent pas le souffle chaud d'une vie agitée et trépidante, et l'ennui doit rapidement gagner, surtout que les attractions type mer ou montagne semblent bien éloignées de la capitale... 

Ci-dessous et de haut en bas quelques photos parmi d'autres de Brasilia : 
- La sculpture Os Gueirreros qui trône sur la place centrale des 3 pouvoirs ;
- Le Congrès National, avec la coupole concave de la Chambre des Députés et celle, convexe, du Sénat ;
- Le Palais Itamaraty, siège du Ministère des Affaires Etrangères (Niemeyer de nouveau) ;
- La vue des Ministères (les bâtiments verts) et du Congrès, depuis la tour de Télévision au centre de l'Eixo Monumental
- Le magnifique Sanctuaire Dom Bosco, qui démontre que l'on peut encore construire en 1980 (!) des joyaux architecturaux dédiés au culte religieux ;
- Le Musée National, dont les collections à l'intérieur sont très intéressantes.  

13 mai 2010

Acabou o Canecão !

Une petite brève pour vous faire part de ma tristesse, et de celle de tous les amateurs de culture en général, de MPB (Musique Populaire Brésilienne) en particulier, suite à l'annonce de la fermeture définitive et irrévocable de la mythique salle de concerts du Canecão (photo ci-dessous). Décidée ce lundi par le Tribunal Fédéral de Rio, elle est l'aboutissement d'une très longue procédure judiciaire ayant opposé le propriétaire historique des murs, l'UFRJ (l'Université Fédérale de Rio), et la société de gestion de la salle qui en bénéficiait en dehors de la légalité, il faut bien l'avouer. Si la décision est juste sur le plan du droit, elle est malheureuse pour tous ceux, dont je faisais partie, qui aimaient à s'y rendre pour assister aux shows des plus grands artistes de la MPB do Brasil, de Tom Jobim à Vinicius da Moraes (il y a longtemps...), de Gilberto Gil à Maria Bethânia,  en passant par Chico Buarque, Caetano Veloso ou Vanessa da Mata (j'ai eu la chance d'assister aux concerts de ces deux derniers).
L'intervention même du maire de la ville, Eduardo Paes, qui a déploré la fermeture de la salle et demandé à l'Université de "régulariser" le Canecão n'y aura rien changé, le recteur de l'UFRJ restant campé sur ses positions et souhaitant se réapproprier les lieux, peut-être pour en faire une...Maison de la Culture (?). Dans ce cas, M. le recteur, autant s'arranger et poursuivre l'aventure, brillante sur le plan culturel, viable sur le plan économique, du Canecão de Rio, initiée en 1967 ? Allez, un petit effort !

12 mai 2010

"Quand la pluie enterre les pauvres", magnifique papier de "La Vie des Idées" !

A la suite des tragiques pluies de début avril et la mort de plus de 250 personnes, ensevelies pour la plupart par  des glissements de terrain survenus sur plusieurs morros des favelas de Rio et de Niteroi (principalement le morro dos Prazeres, à Santa Teresa, et le morro da Bumba -photo ci-contre, à Niteroi),  j'avais prévu de vous tenir informés des suites de ce drame, en particulier la remise en cause par les autorités et la presse de la politique de légitimation du processus de favelização (initiée par l'ex-gouverneur Brizola au début des années 1980), ainsi que les solutions envisagées par le gouverneur de l'état de Rio et les maires des villes de Rio et de Niteroi.

Le chercheur au CNRS et anthropologue Benoît de L'Estoile m'aura finalement devancé, et avec beaucoup plus de talent que je ne l'aurais fait, vous livre sur l'excellent site La Vie des Idées sa vision du drame ainsi que les conséquences humaines et sociales de celui-ci, en particulier la remise au goût du jour de la stratégie de remoção (enlèvement) des favelas situées sur les morros les plus à risque. Vous trouverez l'intégralité de son magistral article ici.

Deux précisions quant aux décisions prises par les maires de Rio et de Niteroi :
- Eduardo Paes, premier édile de Rio, a annoncé à la fin avril la construction de 170 immeubles qui seront prochainement construits dans le quartier du Triagem, au nord de la ville (mais relativement près du Centro et pas trop mal desservi par les transports en commun -l'opposé donc de la funeste Cidade de Deus), afin d'y reloger une partie des familles ayant tout perdu avec les pluies -le projet devrait concerner plus de 13.000 personnes ;
- Jorge Roberto Silveira, le maire de Niteroi, a de son côté annexé un terrain proche du morro da Bumba (anciennement une gare de triage pour les autobus) et a annoncé la création d'un ensemble d'immeubles qui devrait bénéficier à 180 familles sans-abris. En zone sans risque, donc...ailleurs que sur une ancienne décharge publique...

Et maintenant je vous laisse à la lecture de L'Estoile.

05 mai 2010

"Carmen", de Roland Petit, au Théâtre Municipal de Rio

Après près de deux ans de travaux d'embellissement et de rénovation, le Théâtre Municipal de Rio (photo ci-dessous), baroque et superbe avec son faux air d'Opéra Garnier (dont il est clairement inspiré), vient de rouvrir ses portes -du moins officieusement, en "soft-opening" selon le jargon employé par nos hôtes d'un soir, la ré-inauguration officielle étant programmée pour le 29 mai prochain.
Nous nous engouffrons, en cette belle soirée automnale, dans la brêche pré-inauguration pour visiter en avant-première le théâtre réformé, mais également assister à la représentation du ballet Carmen conçu par le fameux chorégraphe français Roland Petit en 1949 (dont l'un des faits de gloire est d'être le mari de l'incontournable danseuse Zizi Jeanmaire).

Le théâtre tout d'abord : il est vraiment splendide, du haut de son siècle d'existence (il a été inauguré en 1909). La façade est baroque à souhait, et préfigure un intérieur plutôt...chargé (le rococo est roi, les couleurs éclatantes, les sculptures abondantes, les plafonds agrémentés de muses multicolores...) mais néanmoins harmonieux. Nous entrons dans l'amphithéâtre, lui aussi très réussi et riche en peintures "michel-angiennes", puis, miracle, nous constatons que les sièges sont plutôt confortables. La scène au beau bois lustré est suffisamment proche pour que nous profitions agréablement du spectacle. Seul point noir, la perspective n'est pas assez inclinée, et je dois tordre le cou pour éviter la chevelure abondante de mon voisin de devant (qui est assez grand, le bougre !). Ci-dessous des photos de l'entrée et de la scène.

Le ballet ensuite. Je dois honteusement avouer que c'est une grande première pour moi, et le spectacle m'enchante littéralement : il faut dire que Carmen est initialement un opéra très accessible, aux airs mondialement connus ("L'amour est enfant de bohème..."), ce qui aide à apprécier le travail des artistes danseurs virevoltant sur la scène. Je suis tout particulièrement envoûté par le talent de l'anglais Robert Tewsley, impressionnant de grâce et de puissance mêlées dans son interprétation de Don José. Une petite cinquantaine de minutes plus tard, et Don José envoie Carmen ad patres, c'est la fin du ballet qui résonne néanmoins en moi quelques heures après la représentation, alors que je déguste un délicieux plat de pâtes subtilement al dente au Terzetto Café, en compagnie de ma muse à moi.

Ce fut une grande première, donc, il nous faudra revenir, à coup sûr, le programme est d'ailleurs réjouissant (Roméo et Juliette de Gounod en septembre, Casse-Noisettes de Tchaikovsky en décembre...). Plus de détails sur celui-ci ici ! 

04 mai 2010

"Les deux Brésils", courrier des lecteurs de O Globo...

Je vous ai déjà fait part de mon attachement tout particulier à la rubrique "Courrier des lecteurs" de la presse en général, du premier quotidien national brésilien, 0 Globo, en l'occurence, qui offre un regard sur le pays dénué des précautions oratoires empruntées par les journalistes, exprimant de manière "brute" le ressenti quotidien (certes parcellaire, ce ne sont que quelques messages parmi tant d'autres opinions potentielles) des habitants de notre Brésil d'adoption.

Ainsi, pour tamiser mes envolées laudatives d'hier envers le Brésil, je laisse la parole à Rubem Paes, habitant de Niteroi, de l'autre côté de la baie de Guanabara, pour une missive intitulée "Les deux Brésils" :

"Nous vivons dans deux Brésils : l'un est virtuel et l'autre est réel. Dans le Brésil réel, la Police Militaire séquestre des personnes, nous avons peur de sortir dans la rue par crainte d'être attaqués ou à cause des balles perdues, nous n'avons pas confiance dans nos institutions (la police, les mairies, les hommes politiques, les transports..), nous croisons des enfants abandonnés et des mendiants dans les rues, les hôpitaux ne fonctionnent pas avec un minimum de décence, la population souffre du faible niveau des transports publics, la qualité de vie de la plupart des habitants est déplorable. Ce que nous voyons dans les rues nous rend tristes et honteux. Il suffit de pleuvoir pour que des dizaines de personnes meurent. Dans l'autre Brésil, le virtuel, le gouvernement montre des statistiques flatteuses sur son excellent travail, fait des campagnes publicitaires à la télévision et à la radio en nous présentant un pays ou tout fonctionne à merveille, la sécurité des citoyens est assurée et la qualité de vie digne du Premier Monde (ie Europe, Etats-Unis...). Juste un petit détail : nous citoyens n'avons pas appris à vivre dans un monde virtuel."

03 mai 2010

Rio et le Brésil, la confiance dans l'avenir comme clé du bonheur ?

Après plus d'un an de vie (heureuse) dans ce bon et beau Brésil, je crois pouvoir apporter, sans trop faillir, une réponse qui se défend à la question clé : "quelle est la plus grande différence entre les brésiliens -les cariocas en particulier- et les européens -les français en particulier ?"...

Ce qui nous oppose fondamentalement aujourd'hui (et demain certainement -et malheureusement pour nous européens- encore plus), c'est la croyance dans un avenir meilleur. C'est le sentiment, largement répandu, que Rio et le Brésil seront plus agréables à vivre demain qu'aujourd'hui, que les conditions de vie et le fameux "vivre-ensemble" s'améliorent pour le bénéfice de la majorité de ses habitants. Evidemment, la réalité est beaucoup plus nuancée, et de larges couches de la population restent exclues de ce que The Economist a appelé le "décollage du Brésil" ("Brazil takes off", The Economist du 12 novembre 2009), mais la perception générale, le regard sur l'avenir, l'état d'esprit des gens suintent d'optimisme, et ce quelle que soit (ou presque) leur condition sociale.

Ainsi, selon un sondage réalisé par le newsmagazine Veja en mars 2010, 77% des habitants de Rio se déclarent plus optimistes qu'hier pour l'avenir de leur ville, et par ricochet, du Brésil tout entier. Les cariocas pensent que les gens respectent plus la loi aujourd'hui qu'hier (à 68%) et considèrent que leurs conditions de vie se sont améliorées (à 64%). Bien entendu, dans le cas spécifique de Rio, des facteurs expliquent plus qu'ailleurs ce phénomène : l'obtention des Jeux Olympiques de 2016, un point très positif pour 69% des habitants de la ville, l'installation des fameuses UPP dans les principales favelas de la ville, approuvée par 83% des cariocas ou encore la politique de maintien de l'ordre public (les inimitables "choques de ordem" régulièrement menés par la municipalité, le dernier en date étant le détaggage en règle de plusieurs quartiers de la ville suite à l'émotion provoquée par le "coloriage" du Cristo Redentor voici 15 jours), validée à hauteur de 86%. Tout ceci contribue à raffermir l'image d'une ville et d'un pays qui transpire la confiance et une certaine joie de vivre (cette alegria toute carioco-brésilienne, qui confine parfois à une forme de naïveté, mais qui est tellement agréable à vivre dans les rapports au quotidien).

On touche là à un vrai "fossé" psychologique avec notre vieille Europe, où le sentiment largement répandu est une défiance et une peur envers un avenir qui ne peut être que plus sombre que le présent. Bien entendu, nos sociétés plus avancées ont plus à perdre, dans un futur que l'on perçoit semé d'embûches, que le Brésil, puissance naissante mais encore à construire pour ce qui concerne la solidarité nationale et une certaine forme de conscience collective. Dès lors, nous français préférons nous accrocher mordicus à nos acquis actuels, persuadés que nous sommes que l'on ne pourra qu'aller moins bien demain (à cet égard, le débat naissant sur les retraites est emblématique). S'il est essentiel à mes yeux de préserver les fondamentaux de notre fameux "modèle social" (pourtant tant décrié...avant la crise financière), cela ne devrait pas nous empêcher d'être "mobiles" dans nos têtes et d'essayer de voir le verre à moitié plein plutôt que -systématiquement- l'inverse. Rien de mieux pour cela que de s'imprégner de cet état d'esprit résolument positif en venant découvrir Rio et le Brésil (pour les chanceux qui peuvent se le permettre), pour constater également combien nos conditions de vie, à nous européens, sont dans le fond meilleures, et pour opérer in fine la révolution mentale nécessaire pour voir de nouveau la vie du bon côté !

Et ce n'est pas Snoop Dogg qui me contredirait... (merci Stéphanie B) :)

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