24 août 2009

De la représentation de la diversité dans les médias brésiliens

Le Brésil est une terre colorée, ceci est (presque) un cliché. D'après les plus récentes enquêtes "ethniques" (autorisées au Brésil, à la différence de la France où le "comptage racial" est contraire à la lettre et l'esprit de la laïcité à la française), plus de la moitié de la population brésilienne se réclame aujourd'hui d'une autre couleur que le blanc. Soit plus de 90 millions de brésiliens, au sein desquels toutes les variantes du chocolat sont représentées : du café très crème au noir ébène.

Pourtant, au-delà du grand déséquilibre dans la répartition des richesses entre blancs et "non-blancs" (95% des "riches" sont de race blanche), j'ai été choqué par un autre scandale, la quasi-absence de métis et de noirs dans les médias brésiliens. Ainsi, après un zapping attentif sur les différentes chaînes nationales (Globo, RedeTV, Band, Record...), je n'ai pas encore eu le bonheur de tomber sur une personne de couleur présentant le journal télévisé ou une quelconque émission de plateau. Gros consommateur de SportTV (Globo) et d'ESPN Brasil (ESPN), je suis consterné de ne voir que de beaux mâles bien blancs (paulistas ou gauchos de préférence) présentant les nombreuses émissions de plateaux où l'on passe en revue les derniers résultats du "Brasileiro" national. A croire que les noirs ne sont bons qu'à jouer, pas à commenter...
Certes, me direz-vous, en France, on ne peut pas dire qu'à de très rares exceptions près (Harry Roselmack, Audrey Pulvar, Rachid Arabh, David Astorga) nous soyons très ouverts à la diversité sur le média TV, mais 1.il me semble que le mouvement est initié et va tendre à se développer 2.nous ne comptons pas dans notre population plus de 50% de gens de couleur !

Dans le même triste élan, la publicité a une fâcheuse tendance à fortement sous-représenter la diversité dans ses créations (film TV, visuels presse -cf exemple ici tiré des hebdos nationaux de la semaine dernière). Certes, je veux bien comprendre qu'au vu de la très inégale répartition des richesses, la "cible" blanche soit plus "bankable", mais une publicité qui se voudrait moderne devrait plutôt essayer d'anticiper l'évolution du corpus social, et ne pas s'arrêter à une représentation caricaturale de la société brésilienne, 100% blanche, ou presque.

N'étant pas carioca depuis assez longtemps, et n'ayant pas encore eu l'occasion de débattre de cette injustice avec des brésiliens natifs, je m'en arrêterai aux faits, sans chercher trop à interpréter. Je ne peux en revanche que souhaiter que le contenu et la publicité au sein des médias brésiliens fassent mieux étalage de la richesse ethnique de sa population et ainsi aident à lutter contre les préjugés et la fracture raciale qui finalement existe au Brésil aussi, comme dans tant d'autres pays.

1 commentaire:

Alex Rio a dit…

Intéressant ton témoignage, tu exprimes bien ce que beaucoup d'européens peuvent constater en regardant les médias brésiliens.

Mais attention, la Seleçao n'est pas représentatif du Brésilien (comme les Black-Blanc-Beurs en France) et parfois nous avons tendance à croire la première fois qu'on arrive au Brésil de retrouver des noirs ou metis comme dans les Antilles. C'était mon cas.

Je voyais peu de noirs et "trop" de blancs à Rio. J'étais surpris comme la brésilienne de zona sul qui débarque pour la première fois dans le métro parisien et elle tremble de peur de voir autant de noirs, et en plus qu'ils font la gueule.

Sur les médias et pub, tu es le spécialiste donc tu sais que malheureusement on recherche à uniformiser partout dans le monde, le même modèle: la Barbie aux yeux bleus, anorexique et géante.

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