Au hasard de mes balades sur Internet, j'ai découvert, sur la version brésilienne de l'excellent site ReadWriteWeb, l'infographie suivante, qui revisite la géographie des 26 états du Brésil (et du District Fédéral, ie la capitale Brasilia) en fonction du poids relatif de chacun d'entre eux sur différents critères socio-économiques clés.
Les 26 états sont structurés en 5 grandes régions administratives :
- Norte (en tons verts)
- Nordeste (rose)
- Centro-Oeste (rouge)
- Sudeste (jaune)
- Sul (bleu)
Où l'on voit :
# La surpondération du Nordeste pour ce qui concerne la densité de population, le nombre d'enfants...mais aussi malheureusement la mortalité infantile ;
# Le poids considérable de la région Sudeste (qui compte les trois états les plus peuplés et les plus riches -Minas Gerais, São Paulo et Rio de Janeiro- du pays) dans l'économie du pays (PIB, nombre de voitures)
# Le très faible impact socio-économique de la région Norte (et de ses deux états phares, l'Amazonas et le Para) : peu d'habitants, peu d'enfants, pas de voitures, peu de revenus...mais l'Amazonie, le fameux poumon de la planète !
Intéressant, non ?
31 juillet 2011
02 juillet 2011
Les 10 plus laids (et les plus beaux) monuments architecturaux de Rio !
Que Rio soit une ville absolument fantastique pour ce qui concerne son site naturel ("abençoado por Deus", disent les brésiliens, traduire "béni des dieux"), c'est un point sur lequel tout le monde s'accorde. Le grand écrivain autrichien Stefan Zweig, qui finira sa vie entre Rio et Petropolis, n'est pas le moindre de ses admirateurs, lorsqu'il écrit que "Il n'y a pas de ville plus belle au monde, et aucune n'est aussi inépuisable et inextricable...La mer a formé des zigzags étranges de ses côtes et la montagne a dressé des écrans prodigieux...Partout où se pose le regard à Rio, il est émerveillé."
En revanche, la question du legs de l'homme en matière architecturale dans notre Cidade Maravilhosa est pour le moins...contestée. Entres immeubles d'habitation hideux construits à la va-vite, en particulier lors de la décennie d'or de Copacabana (les années 1960), édifices publics au style éminemment douteux (que dire par exemple de la tour Correios qui défigure -c'est vrai que ce n'est pas la seule...- la plus grande avenue de la ville, la Presidente Vargas ?), ou immeubles de bureaux laids et sans aucune cohérence stylistique (voir par exemple les quelques barres atroces qui polluent les alentours de la Praça Maua), force est de constater que les architectes cariocas n'ont pas fait preuve au cours des décennies passées d'une grande inspiration !
Pour évaluer l'étendue des dégâts, le supplément carioca de l'excellent newsmagazine Veja (qui répond logiquement au doux nom de Veja Rio) a ainsi demandé à trente architectes de la ville (exercice expiatoire s'il en est ;) d'établir la liste des 10 monuments les plus laids de Rio. Le résultat de l'enquête, accessible ici, présente en effet quelques spécimens particulièrement redoutables de mochetés architecturales, mais met au pilori d'autres constructions qui selon moi ne font pas partie des "horreurs" en béton de la ville. Ainsi s'il n'est pas difficile de détester le New York City Center -et sa grotesque réplique de la Statue de la Liberté, cet immense shopping mall qui trône sur la fameuse Avenida das Americas, à Barra da Tijuca, ou si l'on ne peut être qu'en phase au moment de vouer aux gémonies la Catedrala Municipal et sa forme pataude de Flanby géant retourné, on pourra contester la présence dans ce flop 10 du Sambodrome, qui a le mérite d'être esthétiquement cohérent et très fonctionnel, ou encore de la Cité de la Musique, dessinée par l'architecte français Christian de Portzamparc, aux lignes aériennes plutôt réussies...ouvrage qui plus est n'est même pas encore terminé !
Et puis tout de même, il existe également quelques bâtiments plutôt réussis à Rio ! Veja Rio offre ainsi le contrepied aux quelques horreurs décrites ci-dessus (tiens il y a aussi le sinistre obélisque -qui a depuis perdu sa passerelle- qui trône au bout d'Ipanema, et mérite sans conteste sa place dans ce top de la laideur) en proposant un classement des oeuvres architecturales les plus réussies de la ville, et ça se passe ici. Là encore, de mon modeste point de vue, le résultat est assez contestable : autant on peut s'accorder sur la beauté du Théâtre Municipal, récemment rénové, la magnificence du Copacabana Palace ou l'élégance des Arches de Lapa, autant s'extasier sur le quelconque Parque Guinle ou promouvoir l'esthétique très ringarde de l'Edificio Biarritz ne me semble pas faire trop de sens...
Qu'en dites-vous ? Quels sont pour vous les plus belles réussites et les plus gros échecs de Rio de Janeiro en matière architecturale ?
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Rio de Janeiro, côté pile... |
En revanche, la question du legs de l'homme en matière architecturale dans notre Cidade Maravilhosa est pour le moins...contestée. Entres immeubles d'habitation hideux construits à la va-vite, en particulier lors de la décennie d'or de Copacabana (les années 1960), édifices publics au style éminemment douteux (que dire par exemple de la tour Correios qui défigure -c'est vrai que ce n'est pas la seule...- la plus grande avenue de la ville, la Presidente Vargas ?), ou immeubles de bureaux laids et sans aucune cohérence stylistique (voir par exemple les quelques barres atroces qui polluent les alentours de la Praça Maua), force est de constater que les architectes cariocas n'ont pas fait preuve au cours des décennies passées d'une grande inspiration !
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...et côté face, l'hideuse Praça Maua |
Pour évaluer l'étendue des dégâts, le supplément carioca de l'excellent newsmagazine Veja (qui répond logiquement au doux nom de Veja Rio) a ainsi demandé à trente architectes de la ville (exercice expiatoire s'il en est ;) d'établir la liste des 10 monuments les plus laids de Rio. Le résultat de l'enquête, accessible ici, présente en effet quelques spécimens particulièrement redoutables de mochetés architecturales, mais met au pilori d'autres constructions qui selon moi ne font pas partie des "horreurs" en béton de la ville. Ainsi s'il n'est pas difficile de détester le New York City Center -et sa grotesque réplique de la Statue de la Liberté, cet immense shopping mall qui trône sur la fameuse Avenida das Americas, à Barra da Tijuca, ou si l'on ne peut être qu'en phase au moment de vouer aux gémonies la Catedrala Municipal et sa forme pataude de Flanby géant retourné, on pourra contester la présence dans ce flop 10 du Sambodrome, qui a le mérite d'être esthétiquement cohérent et très fonctionnel, ou encore de la Cité de la Musique, dessinée par l'architecte français Christian de Portzamparc, aux lignes aériennes plutôt réussies...ouvrage qui plus est n'est même pas encore terminé !
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New York City Center, ouh que c'est laid ! |
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Catedrala Municipal, pourtant très majestueuse à l'intérieur... |
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Le Sambodrome...bon ok c'est en plein défilé, ça valorise le béton... |
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La Cidade da Musica, moi, j'aime bien... |
Et puis tout de même, il existe également quelques bâtiments plutôt réussis à Rio ! Veja Rio offre ainsi le contrepied aux quelques horreurs décrites ci-dessus (tiens il y a aussi le sinistre obélisque -qui a depuis perdu sa passerelle- qui trône au bout d'Ipanema, et mérite sans conteste sa place dans ce top de la laideur) en proposant un classement des oeuvres architecturales les plus réussies de la ville, et ça se passe ici. Là encore, de mon modeste point de vue, le résultat est assez contestable : autant on peut s'accorder sur la beauté du Théâtre Municipal, récemment rénové, la magnificence du Copacabana Palace ou l'élégance des Arches de Lapa, autant s'extasier sur le quelconque Parque Guinle ou promouvoir l'esthétique très ringarde de l'Edificio Biarritz ne me semble pas faire trop de sens...
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Le Théâtre Municipal, très inspiré...de l'Opéra Garnier |
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Superbe Copacabana Palace |
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Les Arches de Lapa...sans le fameux "bonde" |
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Parque Guinle, ouais, un parc quoi... |
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Immeuble Biarritz, sur Flamengo : art-déco, so what ? |
Qu'en dites-vous ? Quels sont pour vous les plus belles réussites et les plus gros échecs de Rio de Janeiro en matière architecturale ?
22 juin 2011
Petite balade sur le Morro da Babilônia !
Dans la série "découvrons les joies des -multiples- grimpettes sur les montagnettes de Rio et ses alentours" , et après vous avoir fait grimper la Pedra Bonita en ma compagnie, ou avoir partagé avec vous la superbe vue sur Copacabana depuis le Morro do Leme, je vous propose de m'accompagner, oh pas très loin du coeur de la Cidade Maravilhosa, puisque nous allons rester dans la Zona Sul prompte aux promenades de bord de mer -mais pas seulement.
La promenade écologique du Morro da Babilônia, puisque c'est bien d'elle dont il s'agit, est une balade tranquille d'une trentaine de minutes à travers une Aire de Protection Environnementale, récemment restaurée puis rouverte suite à l'installation en 2008, au sein des petites favelas de Babilônia et de Chapeu Mangueira, de l'une des premières Unités de Police Pacificatrice (les fameuses UPPs) de l'Etat de Rio. Jusqu'alors, il était hasardeux, pour d'évidentes raisons de sécurité, d'emprunter le sentier qui serpente au-dessus des deux communautés, jusqu'au sommet du Morro où fut tourné, en 1959, l'oscarisé "Orfeu Negro" de Marcel Camus (film, qui disons-le tout net, a terriblement vieilli et donne une image tristement "coloniale", passéiste et bien-pensante des habitants de Rio).
Bref, revenons à la balade en elle-même ! Le plus difficile, presque, dans cette mini-randonnée, est...d'en trouver le départ ! Le plus simple reste d'emprunter le métro de Rio, de descendre à la station Cardeal Arcoverde de Copacabana, et de là d'attaquer la montée (asphaltée) de la Ladeira do Leme, qui conduit jusqu'à la rue General Cardoso de Aguiar, dont l'entrée est barrée par une guérite de l'armée (nous rentrons en effet en zone militaire, aucune crainte à avoir donc ! ;). Nous poursuivons dans la rue Aguiar, jusqu'à rentrer enfin dans la fameuse Mata Atlântica, non sans douter quelque peu de notre chemin en raison du terrain chaotique sur les dernières mètres avant de pénétrer dans la forêt...puis nous tombons, rassurés, sur le panneau indiquant "Trilha da Babilônia" ("randonnée de Babilônia") !
Le plan d'accès à la balade :
Agrandir le plan
La promenade écologique du Morro da Babilônia, puisque c'est bien d'elle dont il s'agit, est une balade tranquille d'une trentaine de minutes à travers une Aire de Protection Environnementale, récemment restaurée puis rouverte suite à l'installation en 2008, au sein des petites favelas de Babilônia et de Chapeu Mangueira, de l'une des premières Unités de Police Pacificatrice (les fameuses UPPs) de l'Etat de Rio. Jusqu'alors, il était hasardeux, pour d'évidentes raisons de sécurité, d'emprunter le sentier qui serpente au-dessus des deux communautés, jusqu'au sommet du Morro où fut tourné, en 1959, l'oscarisé "Orfeu Negro" de Marcel Camus (film, qui disons-le tout net, a terriblement vieilli et donne une image tristement "coloniale", passéiste et bien-pensante des habitants de Rio).
Bref, revenons à la balade en elle-même ! Le plus difficile, presque, dans cette mini-randonnée, est...d'en trouver le départ ! Le plus simple reste d'emprunter le métro de Rio, de descendre à la station Cardeal Arcoverde de Copacabana, et de là d'attaquer la montée (asphaltée) de la Ladeira do Leme, qui conduit jusqu'à la rue General Cardoso de Aguiar, dont l'entrée est barrée par une guérite de l'armée (nous rentrons en effet en zone militaire, aucune crainte à avoir donc ! ;). Nous poursuivons dans la rue Aguiar, jusqu'à rentrer enfin dans la fameuse Mata Atlântica, non sans douter quelque peu de notre chemin en raison du terrain chaotique sur les dernières mètres avant de pénétrer dans la forêt...puis nous tombons, rassurés, sur le panneau indiquant "Trilha da Babilônia" ("randonnée de Babilônia") !
Le plan d'accès à la balade :
Agrandir le plan
C'est la bonne route ! |
Nous poursuivons la marche pendant une vingtaine de minutes (à tout casser :) avant d'arriver au sommet du dit Morro, où, malgré le temps un peu fechado (couvert) la vue est magnifique : on est aux premières loges pour admirer du côté sud la orla (bord de mer) de Copacabana et ses immeubles finalement assez laids, et disposer d'une vue imprenable et originale, du côté nord, sur la baie de Botafogo, puis plus à gauche, sur le fameux morro du Corcovado et le Christ Rédempteur à son sommet. Une large pierre plate nous y accueille (au sommet du Morro), et s'avère être le lieu idéal pour déguster le goûter avec les enfants, en toute sérénité. En redescendant, quelques percées de ciel dans la dense forêt atlantique nous permettent d'apercevoir le Morro de Leme et le fort Duque de Caxias qui y trône fièrement.
Copacabana, belle ou laide ? |
Le Christ, au loin ! |
La baie de Botafogo mouchetée de bateaux |
Flamengo et sa plage |
Le fort au sommet du Morro de Leme |
Décidément, cette ville a ceci d'incroyable que tout en restant dans son sein, vous parvenez en 5 minutes à vous évader de la fureur de l'agitation citadine et des bruits de la circulation intense, pour vous retrouver, seuls et quasiment perdus, au milieu d'une dense végétation, à entreprendre des balades bucolico-touristiques qui valent vraiment le détour...et le coup d'oeil ! Valeu, Rio !
17 juin 2011
Quand Dilma écrit à FHC...
J'ai souvent eu l'occasion sur ce blog, mais aussi sur l'espace que m'avait accordé Rue89 lors de la présidentielle brésilienne l'an dernier, de vous faire part de l'admiration et du respect que j'avais pour le travail colossal qu'a mené l'ancien président Lula da Silva durant 8 ans, pour réduire les inégalités -encore indécentes- qui gangrènent le Brésil, tout en accélérant le développement économique -et l'attractivité internationale- du pays (à ce sujet, et pour les heureux résidents au Brésil, je ne peux que vous encourager d'aller voir le formidable documentaire "Familia Braz - Dois Tempos" qui illustre, à travers les témoignages d'une famille de la classe moyenne de la banlieue de São Paulo, les considérables changements intervenus dans la société brésilienne entre les années 2000 et 2010). Mais je ne vous ai finalement jamais parlé du prédécesseur de Lula, le sociologue et économiste Fernando Henrique Cardoso, "FHC" pour les intimes -et aussi pour tous les autres.
A l'instar de Lula, FHC a gouverné le Brésil pendant deux mandats consécutifs, de 1994 à 2002, sous la bannière du PSDB, le parti de centre-droit qu'il avait lui-même fondé en 1988. Il fut également un excellent ministre des affaires étrangères, puis de l'économie, sous le gouvernement d'Itamar Franco, entre 1992 et 1994. Auréolé du succès du Plan Real (1993), qui vit l'ancien cruzeiro -déprécié par des années d'hyperinflation- remplacé par la monnaie actuelle du Brésil, il bénéficia ainsi d'une rampe de lancement idéale pour être élu président, et ce dès le premier tour de l'élection présidentielle de 1994.
Je pourrais vous parler plus longuement de la carrière et du bilan de ce vrai homme d'Etat, démocrate dans l'âme, cultivé et sensible, mais il s'avère que la présidente en titre, Dilma Rousseff, a eu le bon goût de lui adresser une carte élogieuse à l'occasion de la célébration de son 80ème anniversaire, qu'il atteindra ce samedi 18 juin. Je vous en livre ci-dessous les meilleurs extraits...avant de vous reparler un peu du contexte...
"Cher Fernando Henrique, il y a tant de traits de votre caractère à rendre hommage en ces jours où vous fêtez vos 80 ans. L'académicien innovant, le politique habile, le ministre-architecte d'un plan durable de sortie de l'hyperinflation, et le président qui a contribué de manière décisive à la consolidation de la stabilité économique du Brésil. Mais je veux également mettre en avant le démocrate que vous êtes, qui a lutté pour ses idéaux, toujours d'actualité aujourd'hui...Vous avez toujours cru dans la force du dialogue comme moteur de votre politique, et ce fut essentiel pour la consolidation de la démocratie brésilienne durant les huit années de votre mandat. Ainsi, vous avez été le premier président depuis Juscelino Kubitschek -en 1961- à laisser la place à un successeur de l'opposition qui soit également élu...Je ne cache pas que ces dernières années nous n'avons pas toujours partagé les mêmes opinions, mais, justement à cause de cela, mon admiration pour votre ouverture dans la confrontation franche et respectueuse des idées s'en est trouvée renforcée. Cher Président, toutes mes félicitations et une accolade -abraço en portugais- affectueuse !". Dilma Rousseff
Ces compliments, plutôt rares sur la scène politique brésilienne, sont d'autant plus notables qu'ils s'adressent à un homme, qui, s'il a certes sa carrière politique derrière lui, a été un talentueux opposant à Lula -le prédécesseur de Dilma à la présidence du pays et principal instigateur du sacre de la nouvelle chef de l'Etat. Un opposant d'un tel talent que FHC aura vaincu par deux fois, et de manière assez nette, le fondateur du Parti des Travailleurs à l'élection présidentielle (en 1994 et 1998, donc), avant que finalement ce dernier ne l'emporte, en 2002...mais sans affronter son carrasco (l'équivalent de notre "bête noire"), qui ne put se représenter pour des raisons constitutionnelles (les mêmes qui ont empêché Lula de prétendre à un troisième mandat). Au-delà, et comme l'a souligné avec délices l'opposition tucana (le toucan est l'emblème du PSDB, le parti fondé par FHC), ce geste peut être interprété comme une "tentative (de Dilma) de prendre de la distance avec son mentor (Lula)" dans une conjoncture politique compliquée (avec la récente démission de son ministre de la Maison Civile, Antonio Palocci) qui refait surgir le spectre d'un interventionnisme "lulien" dans les affaires du pays...
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FHC et ses bouquins... |
A l'instar de Lula, FHC a gouverné le Brésil pendant deux mandats consécutifs, de 1994 à 2002, sous la bannière du PSDB, le parti de centre-droit qu'il avait lui-même fondé en 1988. Il fut également un excellent ministre des affaires étrangères, puis de l'économie, sous le gouvernement d'Itamar Franco, entre 1992 et 1994. Auréolé du succès du Plan Real (1993), qui vit l'ancien cruzeiro -déprécié par des années d'hyperinflation- remplacé par la monnaie actuelle du Brésil, il bénéficia ainsi d'une rampe de lancement idéale pour être élu président, et ce dès le premier tour de l'élection présidentielle de 1994.
Je pourrais vous parler plus longuement de la carrière et du bilan de ce vrai homme d'Etat, démocrate dans l'âme, cultivé et sensible, mais il s'avère que la présidente en titre, Dilma Rousseff, a eu le bon goût de lui adresser une carte élogieuse à l'occasion de la célébration de son 80ème anniversaire, qu'il atteindra ce samedi 18 juin. Je vous en livre ci-dessous les meilleurs extraits...avant de vous reparler un peu du contexte...
"Cher Fernando Henrique, il y a tant de traits de votre caractère à rendre hommage en ces jours où vous fêtez vos 80 ans. L'académicien innovant, le politique habile, le ministre-architecte d'un plan durable de sortie de l'hyperinflation, et le président qui a contribué de manière décisive à la consolidation de la stabilité économique du Brésil. Mais je veux également mettre en avant le démocrate que vous êtes, qui a lutté pour ses idéaux, toujours d'actualité aujourd'hui...Vous avez toujours cru dans la force du dialogue comme moteur de votre politique, et ce fut essentiel pour la consolidation de la démocratie brésilienne durant les huit années de votre mandat. Ainsi, vous avez été le premier président depuis Juscelino Kubitschek -en 1961- à laisser la place à un successeur de l'opposition qui soit également élu...Je ne cache pas que ces dernières années nous n'avons pas toujours partagé les mêmes opinions, mais, justement à cause de cela, mon admiration pour votre ouverture dans la confrontation franche et respectueuse des idées s'en est trouvée renforcée. Cher Président, toutes mes félicitations et une accolade -abraço en portugais- affectueuse !". Dilma Rousseff
Le site 80anosFHC.com.br et la lettre de Dilma |
Ces compliments, plutôt rares sur la scène politique brésilienne, sont d'autant plus notables qu'ils s'adressent à un homme, qui, s'il a certes sa carrière politique derrière lui, a été un talentueux opposant à Lula -le prédécesseur de Dilma à la présidence du pays et principal instigateur du sacre de la nouvelle chef de l'Etat. Un opposant d'un tel talent que FHC aura vaincu par deux fois, et de manière assez nette, le fondateur du Parti des Travailleurs à l'élection présidentielle (en 1994 et 1998, donc), avant que finalement ce dernier ne l'emporte, en 2002...mais sans affronter son carrasco (l'équivalent de notre "bête noire"), qui ne put se représenter pour des raisons constitutionnelles (les mêmes qui ont empêché Lula de prétendre à un troisième mandat). Au-delà, et comme l'a souligné avec délices l'opposition tucana (le toucan est l'emblème du PSDB, le parti fondé par FHC), ce geste peut être interprété comme une "tentative (de Dilma) de prendre de la distance avec son mentor (Lula)" dans une conjoncture politique compliquée (avec la récente démission de son ministre de la Maison Civile, Antonio Palocci) qui refait surgir le spectre d'un interventionnisme "lulien" dans les affaires du pays...
02 juin 2011
Les 10 meilleures sambas de l'Histoire !
Aujourd'hui, je suis d'humeur légère. Voilà un état d'esprit tout trouvé pour m'échapper du côté sérieux, voire compassé du présent blog, et vous présenter, en toute modestie (?) et subjectivité, quelques-unes de mes chansons de samba préférées. Et comme je ne fais pas les choses à moitié et qu'il n'est quand même pas question de la jouer "low profile" sur ce blog qui flirte tout de même régulièrement avec Narcisse, j'ai donc intitulé ce post "Les 10 meilleures sambas de l'Histoire" (avec un grand H, vous l'aurez aussi noté) ! Loin de moi cependant la prétention de rivaliser avec les sites ou blogs référents en la matière (en vérité un seul, formidable, intitulé Bossa Nova Brasil que je vous recommande chaudement, tenu et animé par Thierry Gillmann, dont la connaissance encyclopédique de la musique brésilienne ne cesse de me sidérer), mais j'aime bien être assez définitif dans mes propos, c'est l'un des reproches (ou louanges ? ;) que l'on me fait souvent...
Bref, allons-y, en musique et en images, quel outil formidable ce Youtube quand même !
1. On commence avec l'incontournable Rainha do Samba, Beth Carvalho (que nous avons eu la chance de voir en concert voici une dizaine de jours) et son hymne à la fête justement intitulé "Vou festejar", chanson qui passe en boucle lors du Carnaval de Rio, au sein de quasiment tous les défilés de blocos. Chora, não vou ligar, chegou a hora, vai me pagar !!...
2. On continue avec le débonnaire, sympathique et évidemment carioca Zeca Pagodinho, qui avec "Verdade", a pondu en 1996 une magnifique samba-pagode, qui fut logiquement l'un des plus gros succès de sa belle et déjà longue carrière. Descobri que te amo demais !...
3. Que dire du "Foi um rio que passou na minha vida", l'hymne de la nation portelense (la traditionnelle école de samba de Portela), écrit en 1970 par le grand Paulinho da Viola, qui fut d'ailleurs le plus gros tube de cette année au Brésil. Se um dia, meu coração for consultado, para saber se andou errado, sera dificil negar...
9. Voici sans doute la samba (quoique par moments cette chanson s'éloigne des canons traditionnels de la "pure" samba) la plus connue à l'étranger, en tout cas dans notre bonne vieille France, par la grâce d'un spot publicitaire des années 80 pour une marque de boisson sucrée bien connue : la fameuse pub Schweppes et son noir et blanc granuleux, ses muses en longues robes noires dansant jusqu'à plus soif (sic !) et aux formes callipyges, la plage de Leme en toile de fond. Et c'est le poète, écrivain et chanteur à grand succès Chico Buarque (carioca également, est-il besoin de la préciser ;) qui a composé cette autre ode à la joie. Essa moça ta diferente, ja não me conhece mais...
10. Comment conclure cette sélection évidemment non exhaustive et encore une fois tellement subjective sans vous offrir cette samba au corps triste et aux paroles qui célèbrent la nécessaire continuation de cette musique d'une richesse et d'une profondeur quasi sans égale, même après que minhas pernas não puderem aguentar (mes jambes ne puissent plus le supporter). C'est Alcione (née à São Luis, dans le Maranhão, enfin une non-carioca !) qui interprète avec un talent indescriptible cette samba intemporelle composée par Edson Conceição en 1975 et intitulée "Não deixe o samba morrer" (Ne laissez pas la samba mourir) : message bien compris, Alcione ! Quando eu não puder mais pisar na Avenida, levar meu corpo junto com meu samba...
Et tiens je ne peux résister au plaisir de poster aussi ce qui est certainement le samba-enredo (la chanson créée tous les ans par chacune des écoles de samba, avant de défiler sur le Sambodrome) le plus célèbre de l'Histoire, hymne parmi les hymnes du Carnaval de Rio : "Explode Coração", de la grande (encore une !) Salgueiro, composé pour le défilé de 1993, année où l'école du quartier de Tijuca remporta haut-la-main son 8ème titre dans l'arène mythique de Sapucai ! Quelle énergie ! Qui peut raisonnablement rester assis en écoutant cela ?! Explode coração, na maior felicidade, é lindo meu Salgueiro, contagiando sacudindo essa cidade !...
Et vous, quelle est votre samba préférée ? :)
Bref, allons-y, en musique et en images, quel outil formidable ce Youtube quand même !
1. On commence avec l'incontournable Rainha do Samba, Beth Carvalho (que nous avons eu la chance de voir en concert voici une dizaine de jours) et son hymne à la fête justement intitulé "Vou festejar", chanson qui passe en boucle lors du Carnaval de Rio, au sein de quasiment tous les défilés de blocos. Chora, não vou ligar, chegou a hora, vai me pagar !!...
2. On continue avec le débonnaire, sympathique et évidemment carioca Zeca Pagodinho, qui avec "Verdade", a pondu en 1996 une magnifique samba-pagode, qui fut logiquement l'un des plus gros succès de sa belle et déjà longue carrière. Descobri que te amo demais !...
3. Que dire du "Foi um rio que passou na minha vida", l'hymne de la nation portelense (la traditionnelle école de samba de Portela), écrit en 1970 par le grand Paulinho da Viola, qui fut d'ailleurs le plus gros tube de cette année au Brésil. Se um dia, meu coração for consultado, para saber se andou errado, sera dificil negar...
4. Puisqu'on parle de Portela, comment oublier "Exaltação a Mangueira", cette autre samba intemporelle, écrite en 1956 par le duo Eneas Brites da Silva / Aloisio Augusto de Costa en hommage à la plus grande école de samba de Rio (donc du monde), Estação Primeira de Mangueira ? Cette "exaltation" est devenue l'hymne incontournable de l'école rosa e verde, avec laquelle débute chaque présentation de Mangueira dans les travées du Sambodrome, année après année. J'aime tout particuilèrement la version chantée par la Velha Guarda de l'école (la "vieille garde"), ici en "duo" avec le mangueirense doente Chico Buarque (dont on va reparler). Chegou, ho hoooooo, a Mangueira chegou ho hoooo...
5. La samba a ça de magique qu'elle ne peut laisser votre corps et votre âme indifférents. Quand retentissent les premiers accords, vous voilà en train de vous trémousser, avec de surcroît une large banane sur le visage ! Cette joie simple, cette force irrésistible qui vous fait lever de votre chaise, on les ressent comme des évidences en écoutant "Canta canta minha gente", écrite en 1974 par l'immense Martinho da Vila, chanson aux paroles d'un optimisme forcené, tellement...carioca ! Canta canta minha gente, deixa a tristeza pra là, canta forte canta alto, e a vida vai melhorar !!...
6. Nelson Cavaquinho, l'un des pères historiques de la samba, qui aurait eu 100 ans cette année (et qui fut fêté comme il se doit par Mangueira lors du défilé de cette année), a composé cette merveille intitulée "Folhas secas", portant aux nues son école de coeur et le morro (de Mangueira) où il vécut longtemps. Je vous livre également la très belle version que chante Beth Carvalho...Não sei quantas vezes subi o morro cantando...
7. Encore un bijou de samba, imaginée par une triplette magique, Chiquinho, Mauricio Lins et Acyr Marques, que l'on entend régulièrement dans les nombreuses casas de samba du quartier nocturne et musical de Lapa. Il est ici interprétée par un fameux duo, composé pour l'occasion : le vénéré -et déjà cité- Zeca Pagodinho, et le fondateur du fameux groupe-orchestre Fundo do Quintal, Almir Guineto. Destino, porque fazes assim, tenha pena de mim ?...
8. Le mestre Cartola. L'une des légendes de la samba, fondateur en 1928 de la grande Mangueira, puis oublié de tous avant de renaître dans les années 70 et d'obtenir enfin la consécration que son talent unique de compositeur et d'interprète de quelques-unes des plus belles sambas de l'histoire méritait. Thierry, sur BossaNovaBrasil, vous en dit plus sur ce personnage clé de la chanson brésilienne, disparu en 1980 et aujourd'hui vénéré à l'égal d'un demi-dieu. Il a composé, parmi tant d'autres, cette incroyable chanson intitulée "Alvorada" et reprise par tout ce que Rio compte de sambistas (la Rainha Beth en tête). Alvorada la no morro que beleza, ninguem chora, não ha tristeza...
9. Voici sans doute la samba (quoique par moments cette chanson s'éloigne des canons traditionnels de la "pure" samba) la plus connue à l'étranger, en tout cas dans notre bonne vieille France, par la grâce d'un spot publicitaire des années 80 pour une marque de boisson sucrée bien connue : la fameuse pub Schweppes et son noir et blanc granuleux, ses muses en longues robes noires dansant jusqu'à plus soif (sic !) et aux formes callipyges, la plage de Leme en toile de fond. Et c'est le poète, écrivain et chanteur à grand succès Chico Buarque (carioca également, est-il besoin de la préciser ;) qui a composé cette autre ode à la joie. Essa moça ta diferente, ja não me conhece mais...
10. Comment conclure cette sélection évidemment non exhaustive et encore une fois tellement subjective sans vous offrir cette samba au corps triste et aux paroles qui célèbrent la nécessaire continuation de cette musique d'une richesse et d'une profondeur quasi sans égale, même après que minhas pernas não puderem aguentar (mes jambes ne puissent plus le supporter). C'est Alcione (née à São Luis, dans le Maranhão, enfin une non-carioca !) qui interprète avec un talent indescriptible cette samba intemporelle composée par Edson Conceição en 1975 et intitulée "Não deixe o samba morrer" (Ne laissez pas la samba mourir) : message bien compris, Alcione ! Quando eu não puder mais pisar na Avenida, levar meu corpo junto com meu samba...
Et tiens je ne peux résister au plaisir de poster aussi ce qui est certainement le samba-enredo (la chanson créée tous les ans par chacune des écoles de samba, avant de défiler sur le Sambodrome) le plus célèbre de l'Histoire, hymne parmi les hymnes du Carnaval de Rio : "Explode Coração", de la grande (encore une !) Salgueiro, composé pour le défilé de 1993, année où l'école du quartier de Tijuca remporta haut-la-main son 8ème titre dans l'arène mythique de Sapucai ! Quelle énergie ! Qui peut raisonnablement rester assis en écoutant cela ?! Explode coração, na maior felicidade, é lindo meu Salgueiro, contagiando sacudindo essa cidade !...
Et vous, quelle est votre samba préférée ? :)
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